Une méthode franco-allemande : la lettre

Avant chaque sommet européen, c'est toujours la même chose. Paris et Berlin se fendent d'une lettre commune... et leurs homologues tordent le nez. Cette prétention franco-allemande à défricher la voie agace. Le sommet des chefs d'Etats et de gouvernements de la zone euro qui se tenait hier soir à Bruxelles n'a pas fait exception. De quel droit Nicolas Sarkozy et Angela Merkel traçaient-ils dans la lettre au président du Conseil et au président de la Commission publiée jeudi la voie à une nouvelle gouvernance de la zone euro ?"C'est le cas depuis toujours"Aucun, sinon celui de « la coutume », explique une source bruxelloise. De mémoire de diplomate, les conseils européens sont précédés de missives franco-allemandes. «C'est le cas depuis toujours, même sous Delors», explique l'un d'eux. «Il y avait des lettres Mitterrand-Kohl à longueur de temps et cela ne choquait personne». Il n'y a pas que les chefs de gouvernement qui pratiquent l'art épistolaire à quatre mains. « On fait cela sur de nombreux sujets », ajoute cette source. Ainsi, le ministre de l'Agriculture Bruno Lemaire et son homologue Ilse Aigner prirent la plume ensemble en pleine crise du lait. A Paris et Berlin, les ministères ont développé une véritable « routine » de la position franco-allemande. « C'est devenu un réflexe. » Mais un réflexe qui demande un certain savoir-faire : avant de se retrouver sur le fil des agences, ces lettres passent par une multitude de petites mains : membres de cabinets ministériels, directeurs d'administration, ambassadeurs, pour finir dans le parapheur d'un ministre ou d'un président.Lire entre les lignes « C'est d'autant plus nécessaire qu'au départ, on n'est généralement pas d'accord », ajoute une source. La lettre franco-allemande se lit donc entre les lignes autant que dans le corps du texte : on cherchera par exemple en vain l'évocation du rôle et du statut de la Banque centrale européenne dans les nombreuses missives que Nicolas Sarkozy a cosigné avec la chancelière allemande.
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