Portugal : le ministre des Finances fustige la situation budgétaire héritée du précédent gouvernement

Alors que l'économie portugaise est au beau fixe, enregistrant même un excédent budgétaire en 2023, le ministre des Finances du nouveau gouvernement s'est montré critique à l'égard de la situation budgétaire léguée par ses prédécesseurs. Le gouvernement a même revu à la baisse ses objectifs d'excédent pour cette année.
Le pays a dégagé l'année dernière un excédent budgétaire à hauteur de 1,2% de son produit intérieur brut (PIB). (photo d'illustration)
Le pays a dégagé l'année dernière un excédent budgétaire à hauteur de 1,2% de son produit intérieur brut (PIB). (photo d'illustration) (Crédits : Reuters)

« La situation budgétaire est bien pire que ce que le précédent gouvernement avait annoncé ». Le ministre des Finances du nouveau gouvernement de la droite modérée entré en fonction il y a un mois, Joaquim Morais Sarmento, n'a pas mâché ses mots jeudi.

D'après lui, le pays a hérité d'une situation financière dégradée qui ne correspond pas à l'excédent budgétaire annoncé par le précédent gouvernement socialiste. Et les chiffres commencent à parler : « Nous sommes passés d'un excédent de 1,2 milliard d'euros en janvier » à « un déficit de près de 600 millions d'euros » en mars, qui reflète certaines mesures prises par le précédent exécutif socialiste démissionnaire.

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Excédent budgétaire en 2023

Il faut dire que le pays a réussi à sortir la tête de l'eau. Il a dégagé l'année dernière un excédent budgétaire à hauteur de 1,2% de son produit intérieur brut (PIB), grâce notamment à une hausse des recettes fiscales, selon une première estimation publiée fin mars par l'Institut national des statistiques. C'est la deuxième fois depuis l'instauration de la démocratie il y a cinquante ans que l'Etat portugais avait dégagé un excédent annuel, après celui de 0,1% en 2019.

Mais le nouveau gouvernement portugais de droite modérée, entré en fonctions début avril après des élections législatives anticipées, a déjà revu à la baisse l'objectif d'excédent budgétaire pour cette année, à 0,3% du PIB. La dette publique du pays est également repassée au-dessus des 100% du PIB au premier trimestre, d'après les données publiées jeudi par la Banque du Portugal.

Face à la situation financière du pays, le ministre des Finances n'a pas exclu de recourir à un rectificatif budgétaire. Cette question « fera l'objet d'une évaluation dans les prochains et une décision sera prise en fonction de l'impact de nombreux éléments que nous ne connaissons pas encore », a-t-il dit.

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« Ces déclarations sont regrettables et inquiétantes »

Le responsable socialiste s'exprimait après que le Parlement a approuvé en première lecture le retour à la gratuité d'un ensemble d'autoroutes devenues payantes au moment de la crise de la dette souveraine en 2011, grâce notamment aux voix de la gauche et de l'extrême droite. La droite modérée au gouvernement avait voté contre.

De quoi énerver les oppositions. « Ces déclarations sont regrettables et inquiétantes », a aussitôt réagi l'ancien ministre socialiste des Finances Fernando Medina, estimant notamment qu'elles révèlent « une impréparation » de l'exécutif. « Le gouvernement dramatise la situation des comptes publics » et semble préparer le pays « au fait de ne pas respecter ses promesses électorales », a affirmé le leader socialiste Pedro Nuno Santos.

Chômage et inflation

Par ailleurs, d'autres indicateurs économiques sont plutôt au vert. Le taux de chômage a enregistré une légère baisse en mars, à 6,5%, contre 6,6% le mois précédent, selon une première estimation publiée jeudi par l'Institut national des statistiques. Sur un an, le taux de chômage a également reculé, par rapport à mars 2023 (6,8%). Pour cette année, la Banque du Portugal table sur un taux de chômage à 6,5%, ainsi que les deux années suivantes.

Du côté de l'inflation, les prix à la consommation au Portugal ont progressé en avril de 2,2% sur un an, contre 2,3% le mois précédent, selon une estimation provisoire publiée mardi par l'Institut national des statistiques (INE). Sur un mois, l'inflation a augmenté en avril de 0,5%, contre 2% en mars. Mais après une hausse des prix de 5,3% l'année dernière, l'inflation devrait se réduire cette année à 2,4%, puis s'établir à 2% l'année prochaine, d'après les dernières prévisions de la Banque du Portugal.

La croissance continue sa lancée

Enfin, le Produit intérieur brut (PIB) du Portugal a progressé de 1,4% au premier trimestre sur un an et de 0,7% par rapport aux trois derniers mois de 2023, selon une première estimation publiée mardi par l'Institut national des statistiques. Ce taux est en ligne avec les estimations de la majorité des analystes cités dans les médias portugais qui tablaient sur une hausse entre 1 et 2,1%.

En 2023, le Portugal avait connu une croissance économique de 2,3%, parmi les plus fortes de l'Union européenne, portée notamment par les exportations.

Le nouveau gouvernement table sur une croissance de 1,5% sur l'ensemble de l'année, selon les dernières estimations publiées à la mi-avril dans son programme de stabilité. De son côté, la Banque du Portugal, plus optimiste, a revu en mars ses prévisions en hausse, à 2% contre une précédente estimation de 1,2%. Elle prévoit ensuite des hausses de 2,3% pour l'année prochaine et de 2,2% en 2026.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 03/05/2024 à 9:47
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Au Portugal on fustige une toute petite dégradation des comptes dans une situation excellente. En France on se réjouit du désastre et on continue de dépenser en laissant croire que tout va s'améliorer tout seul... La classe politique et le peuple p...

à écrit le 03/05/2024 à 9:10
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Ben la France fait mieux ✌ avec "un mystérieux trou de 21 milliards d’euros dans la caisse"[https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/02/finances-publiques-un-mysterieux-trou-de-21-milliards-d-euros-dans-la-caisse_6231165_3232.html]Mais chut, il n...

le 03/05/2024 à 10:04
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@ raymond dantès ;) Toujours un plaisir de vous lire, j'aime cette lame érudite, insoumise et bien aiguisée.

le 03/05/2024 à 15:59
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@Azerty. Ô quel subtile et merveilleux compliment que vous me faites. Merci infiniment. Respectueusement vôtre🤗

à écrit le 03/05/2024 à 8:52
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Depuis quelques années nous observons les dirigeants politiques de toutes sortes accuser d'autres dirigeants mais plus souvent tels ou tels citoyens désignés boucs émissaires, parfois le peuple dans son ensemble, de leur nullité, à l'image des trolls...

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