Investir plus dans l'université favorise les recettes fiscales

L'OCDE tire la sonnette d'alarme : alors que les universités sont de plus en plus en concurrence internationale, les pays d'Europe continentale risquent de réduire leur croissance économique de long terme s'ils n'augmentent pas leurs investissements dans l'enseignement supérieur. Et selon son secrétaire général, Angel Gurría, cela vaut encore plus en période d'austérité, même si le retour sur investissement n'est pas immédiat : « Une croissance durable dans l'enseignement produit des résultats cinq à dix ans plus tard en matière de recettes fiscales », a-t-il plaidé mardi lors de la présentation du rapport annuel de l'organisation internationale sur l'éducation, saluant le fait que, en moyenne, les pays de l'OCDE consacrent 5,5 % de leurs dépenses publiques dans l'éducation. Ainsi, un diplômé du supérieur générera-t-il 93.377 euros en recettes fiscales et en cotisations sociales sur toute sa vie active de plus qu'un diplômé du secondaire. Bref, selon l'Organisation, plus le niveau de l'éducation est faible, plus le taux de chômage et le coût de la main-d'oeuvre est élevé. « Faire des économies sur l'éducation est une opération très coûteuse sur le long terme », a prévenu Angel Gurría. D'autant plus que, contrairement à l'idée reçue, l'afflux de diplômés du supérieur (40 % des jeunes des pays de l'OCDE aujourd'hui contre 20 % en 1995) ne dévalue pas les diplômes : le supplément de salaire qu'obtiennent ceux qui sont allés à l'université (par rapport à ceux qui n'ont pas de diplôme du supérieur) continue d'augmenter presque partout dans le monde, ou du moins de stagner (c'est le cas en France). Seulement trois pays - la Suède, la Norvège et l'Espagne - voient l'avantage salarial de leurs diplômés se réduire. Autant d'arguments, selon l'OCDE, pour augmenter rapidement les frais d'inscription, en particulier dans les universités françaises. C'est un des credo de l'Organisation. Mais, selon Andreas Schleicher, de la direction de l'Éducation, « il faut, bien sûr, que cette augmentation s'accompagne d'un système de bourses, ou de paiement des universités a posteriori, afin de ne pas mettre une barrière à l'éducation comme elle existe aux États-Unis. » Il a souligné le cas du Royaume-Uni comme un modèle dans la façon dont il a augmenté ses frais d'inscription. Tony Blair les a triplés en 2005, les montant à environ 3.000 livres par an (3.600 euros). Mais les étudiants ne payent ces sommes qu'après leurs études, une fois qu'ils ont un travail et sont en mesure de rembourser. Une façon, pour Andreas Schleicher, d'augmenter le financement privé sans trop limiter l'accès des plus pauvres à l'université.Éric Albert, à Londres, et Clarisse JayLire également sur Latribune.f
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