La téléphonie via Internet bouscule aussi le mobile

Après avoir révolutionné le monde de la téléphonie fixe, en permettant d'appeler gratuitement (ou presque) son voisin comme un ami à l'autre bout de la planète, la technologie de l'Internet est en train de bousculer l'univers du mobile. Déjà, les nouveaux réseaux 3G, qui reposent en grande partie sur le protocole Internet (IP en anglais), permettent d'accéder à la Toile depuis son téléphone mobile. Demain, avec la voix sur IP (VOIP) mobile, il sera possible de téléphoner de façon quasiment illimitée avec un téléphone portable.Le principe ? Numériser la voix comme des données (image, musique, etc.), la compresser, la placer dans différents paquets pour ensuite la transporter sur le réseau Internet.Des systèmes existent déjà, comme Skype pour mobile ou Fring. Mais ces applications restent réservées à quelques technophiles avertis. Les barrières technologiques sont encore élevées. D'une part, ce service ne peut fonctionner que sur des réseaux à haut débit. Or ceux-ci sont encore loin de couvrir toute la population. Ensuite, lorsque l'utilisateur de ce service est en situation de mobilité (train, voiture, etc.) se pose le problème de la qualité de la communication. L'appel passant d'une antenne à une autre, le risque est de voir disparaître des « paquets de voix », ce qui rendrait une communication totalement hachurée. Enfin, la gratuité de l'appel n'est possible que si le correspondant utilise lui aussi la même application de VOIP mobile. Mais petit à petit, l'évolution des réseaux mobiles vers la technologie tout IP et le développement de logiciels susceptibles de gérer le trafic permettront de combler ces lacunes.freiner des quatre fersReste une barrière, essentielle : les acteurs traditionnels qui freinent des quatre fers. Comme l'indiquait le cabinet Gartner l'an dernier, la VOIP mobile constitue un challenge colossal pour les opérateurs de téléphonie mobile installés. Selon ces analystes, si les services de VOIP mobile mettront sans doute dix ans à se démocratiser vraiment, ils pourraient à cet horizon capturer 30 % du marché mondial des communications mobiles, soit l'équivalent de 230 milliards de dollars ! D'où la posture des opérateurs télécoms : empêcher aujourd'hui, pour la plupart d'entre eux, l'usage de la VOIP mobile sur leur réseau, sinon autoriser son utilisation à condition que le téléphone soit connecté sur l'Internet fixe via le wi-fi, ce qui n'encombre pas leurs équipements 3G.La résistance des opérateurs commence néanmoins à se lézarder. Aux États-Unis, sous la pression de Google qui dispose d'une solution de VOIP (Google Voice) et la Federal Communications Commission (FCC), Apple vient d'accepter l'usage des applications de VOIP Mobile sur son iPhone via un réseau de téléphonie mobile 3G. En France, alors que Free Mobile a indiqué que son réseau permettrait dès son lancement la VOIP Mobile, Bouygues Telecom a officiellement annoncé qu'il ouvrira cette année son réseau à la VOIP. Un dossier qu'étudient également de près SFR et Orange, inquiets de voir une grosse partie de leur métier absorber par d'autres. L'Autorité des télécoms, l'Arcep, a d'ailleurs prévu d'ouvrir le débat au printemps à l'occasion de son colloque sur Internet, ses usages et ses modèles économiques.
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