STMicroelectronics se désengage des mémoires

Le fabricant de semi-conducteurs STMicroelectronics est finalement parvenu, en deux temps, à se désengager d'un secteur des mémoires jugé trop consommateur de cash. En 2008, le groupe franco-italien et l'américain Intel avaient logé leurs actifs respectifs dans le domaine au sein d'une coentreprise baptisée Numonyx, constituée avec l'appui financier du fonds d'investissements américain Francisco Partners. L'idée était de l'introduire ultérieurement en Bourse. Un scénario que la crise a torpillé. Mercredi, l'américain Micron Technology a annoncé être parvenu à un accord avec les trois partenaires pour racheter l'entreprise dans le cadre d'une transaction entièrement payée en titres. L'opération valorise Numonyx à 1,27 milliard de dollars (920 millions d'euros).« La sortie du marché des mémoires flash est un pas supplémentaire dans l'exécution de notre stratégie vers un modèle ciblé et moins intensif en capital », s'est réjoui Carlo Ferro, directeur financier de STMicroelectronics. Le groupe, dont le taux d'investissement (capex) est passé de 20 % à 10 % du chiffre d'affaires entre 2004 et 2008, s'est aujourd'hui recentré sur deux axes stratégiques, les applications dites de puissance (tournant autour du contrôle de la consommation électrique) et celle de convergence multimédia. L'opération se traduira par ailleurs par une plus-value pour STMicroelectronics, qui avait copieusement déprécié Numonyx pendant la crise. En prenant pour référence le cours de 9,08 dollars de Micron Technology au moment de la signature de l'accord, la valeur des titres attribués à STMicroelectronics atteindra 527 millions de dollars, traduisant un gain de 280 millions pour le groupe.« STMicroelectronics sort sur des niveaux de valorisation qui sont bons et l'opération a une belle logique industrielle », résume Jérôme Ramel, analyste semi-conducteurs chez Exane BNP Paribas. L'annonce a été bien accueillie par les marchés, l'action STMicroelectronics s'adjugeant à Paris 2,36 %, à 5,95 euros.sortie de criseLiée à un phénomène de surproduction, la dégradation du marché des mémoires, antérieure à la crise mais amplifiée par elle, a constitué un véritable cauchemar pour les industriels du secteur. Sur ses deux derniers exercices annuels, STMicroelectronics avait ainsi enregistré des pertes cumulées de près de 900 millions de dollars sur ses participations dans ses coentreprises, reflétant principalement les dépréciations passées sur Numonyx, dont il détenait 48,6 %.Mais cette industrie très cyclique a réussi à renverser la tendance qui l'avait entraîné par le fond et se refait aujourd'hui une santé avec les hausses de prix actuelles. Micron Technology, dont le cours de Bourse a plus que triplé l'an dernier, a ainsi publié fin 2009 ses premiers bénéfices trimestriels depuis presque trois ans. Cette opération va lui permettre de combler une des faiblesses de son portefeuille et de se rapprocher du numéro un mondial du marché des mémoires, le sud-coréen Samsung.Puissant sur les segments des mémoires Dram (les mémoires vives des ordinateurs) et flash Nand (les mémoires servant à stocker des informations dans les appareils nomades), Micron Technology va en effet acquérir l'expérience et les actifs industriels de Numonyx dans les mémoires flash NOR, sur lesquelles tournent les systèmes d'exploitation des téléphones portables.
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