Sciences po : Descoings en prend pour vingt ans

Richard Descoings fera-t-il mieux que Jacques Chapsal, à la tête de Sciences po de 1947 à 1979 ? Le conseil de direction qui se tient ce lundi matin doit réélire pour un quatrième mandat de cinq ans l'actuel directeur de l'Institut d'études politiques de Paris, seul candidat à sa succession. Après quinze ans de réformes menées tambour battant, le conseiller d'État, plusieurs fois ministrable, n'a-t-il pas achevé son oeuvre ? « J'ai le sentiment d'avoir la confiance des étudiants et des enseignants, je suis passionné par la tâche et, dans le domaine éducatif, il est important d'inscrire son action dans la durée », explique-t-il à « La Tribune ». De fait, en quinze ans, « Richard Descoings a fait de Sciences po une grande université internationale », salue Alain Lancelot, son prédécesseur.Tâche inachevéeDès son arrivée à 38 ans, il dépoussière l'institution de la rue Saint-Guillaume : il met le cap sur l'international, crée des « écoles » (droit, journalisme...), six premiers cycles spécialisés en région, rénove les cursus, s'ouvre à la diversité (les boursiers sont passés de 6 % en 2000 à 26 %), accroît les effectifs (10.000 aujourd'hui contre 5.500 en 2006), rénove les frais de scolarité et le concours et mise sur la recherche. Mais sa tâche n'est pas achevée : « À l'heure de la mondialisation, nous sommes toujours à la recherche de plus de qualité. Nous voulons faire de Sciences po une université sélective et accroître notre potentiel scientifique », indique Richard Descoings. Vingt enseignants-chercheurs internationaux ont déjà été recrutés sur les trente visés. Une nécessité, alors que l'IEP a toujours été critiqué pour le faible volant de ses professeurs permanents (200 contre 3.000 vacataires). Autre objectif : passer de 40 % d'étudiants étrangers à 50 %, ouvrir un premier cycle sur l'Afrique et créer une école d'affaires publiques. Reste aussi à accroître les ressources propres (en vingt ans, la part de l'État est passée de 80 % à 55 % du budget) : 9 millions d'euros ont été collectés depuis 2008 auprès de donateurs sur un objectif de 25 millions en 2013.Mais les plus gros défis restent ceux de la recherche et du passage de relais. « Sa stratégie pose la question des moyens, de la gouvernance et du partage du pouvoir avec les académiques, indique Laurent Bigorgne, directeur de l'Institut Montaigne et ex-adjoint de Richard Descoings. La personnalisation du pouvoir est utile pour transformer Sciences po mais il faut passer à autre chose. » Richard Descoings l'a compris qui concède devoir « désormais faire en sorte que [son] nom et [son] image s'effacent et que montent en puissance les académiques. » Ceux-ci ont cinq ans pour se préparer à la succession.(Lire aussi l'interview de Richard Descoings sur Latribune.fr)
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