Le courant passait mal avec sa filiale EDF Énergies Nouvelles

L'énervement montait lentement mais sûrement chez EDF. Henri Proglio n'est pas homme à se satisfaire d'une filiale à 50 % qui l'autorisait à consolider 100 % de sa dette mais 50 % seulement de ses bénéfices. Surtout quand cette dette bondit de 2,7 à 3,6 milliards d'euros en 2010. Mais depuis son arrivée fin 2009 à la tête de l'électricien public, le PDG d'EDF a eu à s'occuper de dossiers plus conséquents que le « petit » EDF Énergies Nouvelles (EDF EN) qui affichait un bénéfice net d'une centaine de millions d'euros quand le groupe gagne entre 3,5 et 5 milliards, selon les années. D'autant que les énergies renouvelables n'ont jamais été au centre des préoccupations du premier exploitant nucléaire mondial.Fin 2010, le décor a changé. Soupçonnée depuis des années de spéculer sur le juteux tarif de rachat de l'électricité d'origine éolienne ou photovoltaïque, EDF EN a été prise la main dans le sac. RTE, autre filiale d'EDF en charge des réseaux haute tension, a révélé en décembre que les trois quarts des projets de photovoltaïque déposés à la hâte avant la baisse annoncée des tarifs l'avaient été par EDF EN. « Personne dans la profession ne savait qu'on pouvait inscrire directement des projets chez RTE, et en plus sans permis de construire », affirme un industriel du solaire. Depuis l'été, le gouvernement tentait au contraire de lutter contre la surchauffe sur le photovoltaïque.Surchauffe payée in fine par le consommateur d'électricité, mais en attendant par EDF. « EDF EN se retrouve subventionnée par sa propre maison mère », glisse un observateur. Le solaire représente un quart de la CSPE (Contribution de service public d'électricité) qui a coûté 2,6 milliards d'euros à EDF en 2010. « Pâris Mouratoglou, le fondateur d'EDF EN, est un véritable chasseur de primes », lance un de ses concurrents.Âgé de 70 ans, ce polytechnicien s'est enrichi en créant plusieurs sociétés dans le domaine des énergies, dont Sith dans la cogénération, revendue en 1996. Il a surtout repéré très vite tout le parti à tirer du tarif de rachat, créé en France en 1955 pour l'hydraulique, secteur dans lequel il a démarré. Il se place au 71e rang du classement des fortunes professionnelles françaises de « Challenges », avec une fortune estimée à 538 millions d'euros. Cette cession va lui rapporter 700 millions, dont la moitié en cash. Marie-Caroline Lopez
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