Le Fonds de réserve des retraites attaqué de toutes parts

Crée par Lionel Jospin en 1999, le Fonds de réserve des retraites était alors présenté comme une réponse non négligeable à la question du financement des retraites. Il s'agissait d'une alternative publique et collective aux fonds de pension privés alors très en vogue. Alimenté notamment par des recettes de privatisation, le FRR était sensé avoir accumulé 150 milliards d'euros en 2010, une somme appelée à progresser encore pour être utilisée après 2020, lors du pic de la crise de retraites. Las, sa cagnotte n'est aujourd'hui que de 34,5 milliards. Cet échec relatif, lié à une faible alimentation du fonds au cours des années passées, donne à penser qu'il serait aussi simple de le supprimer. C'est ainsi que le ministre du Travail, Eric Woerth a émis l'idée de puiser dès maintenant dans ce fonds. «C'est comme si vous aviez d'un côté votre compte en banque avec beaucoup d'argent et puis, de l'autre côté, un énorme déficit sur un autre compte en banque» a déclaré jeudi le ministre sur Europe 1. Selon certaines sources, le FRR serait totalement siphonné à partir de 2011.PolémiqueAu coeur de la polémique, le Fonds de Réserve des Retraites s'est refusé à tout commentaire. «Nous avons besoin d'une feuille de route lisible et prévisible : le FRR doit pouvoir déterminer de façon précise et ferme son calendrier de décaissement », a simplement déclaré le Président du Conseil de surveillance du FRR, Raoul Briet, à l'occasion d'une conférence de presse sur la performance du fonds. En théorie, rien n'interdit de procéder à des décaissements anticipés. Lorsque l'on envisage des désinvestissements, il faut cependant veiller au « timing » des opérations, a mis en garde Raoul Briet en marge de la conférence de presse. Pour lui, « il vaut mieux pouvoir choisir son moment plutôt que d'être tenu de le faire toutes affaires cessantes, surtout dans des périodes de marché difficiles ». Mais Eric Woerth n'est visiblement pas le seul à être intéressé par le « magot » du FRR. La Caisse des Dépôts aimerait, elle, utiliser une partie des 34,5 milliards pour renforcer le Fonds stratégique d'investissement. Comment ? De la même façon que le FRR confie des mandats à des gérants extérieurs, il pourrait déléguer la gestion d'un tiers de ses d'actifs - pris sur la «poche» actions - au FSI. La dotation de ce dernier se trouverait alors significativement renforcée, puisqu'elle passerait de 20 à un peu plus de 30 milliards d'euros. De quoi défendre un peu plus efficacement les entreprises françaises, si avec la chute des Bourses, celles-ci venaient à aiguiser l'appétit des fonds souverains étrangers. L'Elysée, à qui la proposition a été transmise, n'a pas encore réagi. Des parlementaires pourraient se saisir du projet. Pour qu'un tel transfert soit possible, il faudrait en effet modifier la loi. Une chose est sûre : pour l'instant, l'idée du directeur général de la Caisse des Dépôts, Augustin de Romanet, n'enthousiasme pas les équipes du FRR. Sophie Rolland
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