Les actions européennes paient plus que les taux longs

Le rebond des places financières ce jeudi n'y fait rien. Après la forte baisse encaissée par les marchés européens sur le mois de mai, l'écart de rendement entre les actions européennes et les emprunts d'État reste toujours aussi important. Si ce constat est le même pour l'ensemble des places européennes, l'amplitude du phénomène diverge selon les pays concernés. Et pour cause, que ce soit en matière de performance des indices boursiers et des taux longs appliqués aux emprunts d'État, tous ne sont pas logés à la même enseigne. En Espagne, par exemple, l'Ibex a fortement creusé ses pertes ces deux derniers mois portant à 23 % son recul depuis le début de l'année. Au point que son PER estimé pour 2010 n'est plus que de 9,14 fois. Une sous-valorisation qui porte désormais à 6,1 % le rendement des actions espagnoles issu du prochain versement des dividendes en 2010, à comparer avec les 4,54 % que rapportent aujourd'hui les taux espagnols à 10 ans. Ce qui fait ressortir un écart de rendement de 1,56 %, selon les chiffres Factset. méfiance« L'aversion au risque est telle sur la péninsule que les investisseurs sont encore plus méfiants à l'égard des sociétés espagnoles que de l'État lui-même dont les finances ont pourtant suscité beaucoup d'inquiétudes ces derniers temps », constate Pierre Sabatier, stratégiste chez PrimeView. Un peu dans le même sens mais, dans une moindre mesure, l'écart entre le rendement des actions françaises pour 2010 et les OAT à 10 ans s'établit à 1,3 % (« La Tribune » du 9 juin).A l'inverse, le phénomène est peut-être moins marqué en Allemagne ou en Grande-Bretagne. Car, bien entendu, le contexte n'est pas le même. Outre-Rhin, les taux longs allemands évoluent chaque jour vers des niveaux plancher pour atteindre aujourd'hui 2,56 %. Cependant, l'Allemagne tend à rassurer les investisseurs ces derniers temps. Du coup, l'indice allemand résiste logiquement mieux que les autres. Moins sous-valorisées que les autres, les actions outre-Rhin offrent sur la base des anticipations 2010 un rendement de 3,5 % soit un écart par rapport aux taux longs de seulement 0,94 %. Enfin, autre pays et autre contexte : outre-Manche, cet écart n'est que de 0,38 %. Si les actions rémunèrent à hauteur de 3,9 % pour 2010, le coupon des emprunts d'État offre un taux de 3,52 %. « En Grande-Bretagne, les taux longs n'ont pas trop bougé alors que dans l'absolu ils devraient être aux niveaux de ceux de l'Espagne. Trop occupés avec la zone euro, les investisseurs se sont jusqu'ici désintéressés du cas anglais », explique Pierre Sabatier. Une situation qui, selon lui, pourrait être amenée à évoluer rapidement. Gaël Vaut
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