Des ratios pas si prudents qu'il y paraît

Après une dégringolade accélérée de son cours de Bourse, Lehman Brothers a été contrainte de présenter en urgence des résultats que l'on savait par avance catastrophiques. Dans le sillage de ces annonces, le rebond du titre a fait long feu et, hier, à la mi-séance, il cherchait encore une orientation après être repassé dans le rouge. Après Bear Stearns au printemps et les agences hypothécaires Fannie Mae et Freddie Mac, Lehman Brothers voit à son tour son indépendance menacée. Pour l'heure, la digue tient. Les fonds rapaces des vendeurs à découvert n'ont pas encore mis la quatrième banque de Wall Street au tapis. Dans son communiqué, Lehman Brothers a fait savoir que son ratio de " fonds propres durs " était remonté à 11 %. À côté d'un programme de cession dans ses activités immobilières et la gestion d'actifs, les fleurons du groupe, l'affichage d'un ratio bien supérieur aux 8 % minimum apparaît comme l'ultime défense des banques, qui présentent par ailleurs des tombereaux de pertes. La Société Générale, en janvier, avait elle aussi mis en avant un respect de cette norme prudentielle. Mais force est de constater que ce ratio n'est plus une garantie suffisante pour éviter la déroute. La raison doit être recherchée dans la valorisation des banques en Bourse qui ne repose plus que sur la rentabilité de leurs fonds propres. Pour que leur capitalisation boursière reflète un multiple élevé des fonds propres, les banques n'ont d'autre choix que de les optimiser. Conséquence : le ratio de 8 % qui devait être un minimum est devenu un maximum. On se souvient du ton presque gêné accompagnant la présentation des résultats de BNP Paribas de 2006... avec un ratio " tier one " qui dépassait " accidentellement " 9 % ! De quoi affecter la valorisation de son titre. À l'opposé, comme l'a mis en évidence Jacques Chahine, stratège de Factset dans " The Outlook ", en début d'année, les fonds propres de Lehman Brothers ne dépassaient pas 3,2 % des actifs de la banque américaine. Ainsi, chaque perte de 1 % encaissée sur ces derniers ampute de près de 33 % ses fonds propres. Le jeu de massacre a encore de beaux jours devant lui.
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