La fin du chômage partiel, signal d'après-crise  ?

D'ici à quelques semaines, les sites de Dassault Aviation d'Argenteuil (Val-d'Oise) et de Seclin (Nord), soumis au chômage partiel à raison d'une semaine par mois depuis septembre, reprendront un rythme de production normal. Deux autres, à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) et Martignas (Gironde), chômeront désormais trois jours par mois, contre respectivement cinq et six jours jusqu'alors. Le cas de Dassault Aviation n'est pas isolé. Depuis le début du mois de janvier, les salariés du siège de Renault à Boulogne-Billancourt travaillent à nouveau cinq jours sur sept. ArcelorMittal a, de son côté, annoncé la suspension des mesures de chômage partiel sur son site de Florange-Hayange (Moselle).Peu à peu, les grandes entreprises jouent sur le levier du chômage partiel pour faire face au redémarrage de leur activité. « Les industriels, qui sont dans une phase de restockage, augmentent leur durée du travail en supprimant progressivement le chômage partiel », confirme Mathieu Plane, économiste à l'OFCE. Et s'ils ont besoin de capacités supplémentaires, ils recourent au travail temporaire. Certes, sur un an, l'intérim a connu un recul de 28,7 %, selon les données du Prisme, le syndicat patronal du secteur. Mais au troisième trimestre 2009, la courbe a commencé à s'inverser. Entre juin et septembre, l'emploi intérimaire a, en effet, progressé de 8,5 % par rapport au trimestre précédent, un rebond particulièrement sensible dans l'industrie (+ 10,3 %), selon les chiffres du ministère de l'Emploi.variables d'ajustementEn revanche, les heures supplémentaires ne servent de variables d'ajustement qu'à la marge. Encouragées par des allégements de charges et des réductions d'impôts depuis la loi Tepa de 2007, utilisées structurellement par les petites entreprises pour rester à 39 heures, elles sont quasiment restées stables durant la crise. La baisse n'a été sensible qu'au troisième trimestre 2009, mais dans des proportions bien moindres (- 3,2 % sur un an) que le travail temporaire. Ce scénario de sortie de crise, passant d'abord par un moindre recours au chômage partiel, n'est guère encourageant pour l'emploi durable. « Le chômage partiel a concerné jusqu'à 300.000 salariés. En période de crise, c'est un avantage puisque cela évite une trop forte hausse du chômage. Mais à la reprise, cela retarde d'autant les recrutements en CDI », reprend Mathieu Plane. Et le délai risque d'être d'autant plus long que nul ne peut prédire aujourd'hui si la reprise technique, particulièrement sensible dans l'automobile, se transformera dans les prochains mois en croissance durable. Agnès Laurent
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