Gérants de transition  : une activité à part entière

Pendant la crise, les investisseurs institutionnels ont poursuivi la révision de leur politique d'allocation d'actifs et de leur gestionnaire. Pour cela, ils sont de plus en plus nombreux à solliciter les services d'un gérant de transition. Ainsi, en France, le FRR (fonds de réserve pour les retraites), qui travaille avec un gérant de transition depuis 2004, a attribué le 27 janvier 2010, à la suite d'un appel d'offres lancé en mai 2009, deux mandats de gestion d'opérations de transition à Goldman Sachs International et Russell Implementation Services Limited. Différents acteurs sont présents sur ce marché estimé par Russell Investments entre 2.000 et 3.000 milliards de dollars. On y trouve des banques d'investissement, des dépositaires, des gérants d'actifs et aussi des consultants, qui se différencient par leur modèle économique. « Nous avons retenu une banque et un gérant car il est préférable aujourd'hui d'avoir deux expertises, explique Anne Courrier, responsable de la gestion déléguée au FRR. Par ailleurs, la banque d'investissement peut travailler en principal, c'est-à-dire piocher dans son propre book pour l'achat ou la vente de titres, alors que la société de gestion passe par le marché. » Faire appel à une banque d'investissement peut donc impliquer un conflit d'intérêt.Dans sa version « basique », la transition consiste à liquider les actifs d'un portefeuille et à donner le cash au nouveau gérant pour construire le nouveau portefeuille. Mais ce n'est pas sans coût, sans risque et sans impact sur la performance. L'investisseur doit payer les frais de transaction auxquels s'ajoutent des coûts implicite et induit. Par ailleurs, tout le temps où l'investisseur est en cash, il n'est pas investi. Du coup, si les marchés augmentent, il n'en profite pas et inversement, ce que les professionnels appellent des coûts de renonciation. Dans des conditions de marché très volatils, cela peut coûter plusieurs points de base de performance. C'est là qu'intervient un gérant de transition. réduction des coûts« Notre mandat est de réduire les frais et les risques occasionnés par un changement de gérant ou d'allocation d'actifs en optimisant la transition », indique Dominique Dorlipo, directeur général délégué de Russell Investments France. Et le spécialiste d'ajouter : « C'est donc un acte de gestion financière à part entière puisque nous avons une responsabilité fiduciaire en préservant les actifs de nos clients pendant la transition. » Pour Anne Courrier, « le gérant de transition nous apporte un service d'implémentation en minimisant son coût global. Ils nous donnent aussi accès à la liquidité des marchés via différentes plates-formes de négociation et ce, en toute discrétion puisque nos transactions sont noyées dans leur flux d'opérations ».La réduction des coûts passe aussi par l'analyse des options de sortie du fonds. « Il est souvent moins coûteux d'apporter des titres au portefeuille cible que le fruit de leur vente », affirme Dominique Dorlipo. L'idée étant d'exploiter au mieux le portefeuille initial pour créer le portefeuille cible. La planification du projet, qui comprend, entre autres, la coordination avec les gérants cibles, les dépositaires, les discussions avec l'investisseur, l'élaboration de la stratégie représente typiquement 70 % de la transition. Ce temps pouvant varier de quelques jours à quelques semaines.à cette réduction des coûts explicites et implicites s'ajoute une gestion du risque opérationnel mais surtout du risque d'investissement qui peut être complexe quand la transition concerne plusieurs classes d'actifs, contreparties, gérants. L'un des objectifs du gérant de transition est d'éviter que le portefeuille ne soit exposé en monétaire, situation généralement non souhaitée par le client-investisseur. S'il vend des actions françaises pour acheter des actions américaines, il doit gérer l'exposition au cash entre les deux opérations, l'ouverture du marché américain et le risque de change. « Pour cela, nous pouvons recourir à des produits dérivés comme les futures, indique Dominique Dorlipo. Pendant la transition, nous devons nous assurer que le portefeuille reste exposé à sa cible. » Et c'est justement cette capacité qu'a le gérant de transition à réduire au mieux les écarts d'implémentation qui permet de le juger. Rusell a été à l'origine de la création du « T. Standard », une norme d'attribution de performance mesurant les écarts d'implémentation. Le FRR n'hésitera donc pas à mettre en concurrence Goldman Sachs et Russell sur des classes d'actifs spécifiques comme les taux qui se traitent principalement sur des marchés de gré à gré, « mais pas de manière systématique », assure Anne Courrier.
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