Alstom chasse sur les terres russes

ferroviaireUn stand pour deux. Sur le salon ferroviaire « Expo 1520 » centré sur l'Europe de l'Est, qui ferme ses portes aujourd'hui a Moscou, Alstom et le géant russe de la construction ferroviaire Transmashholding (TMH) affichent leur union récente. L'entrée d'Alstom au capital de TMH à hauteur de 25 % plus une action, annoncée en mars, « sera entérinée dans les semaines à venir et notre joint-venture, détenu à 50-50, sera créé dans la foulée », a annoncé sur place le président d'Alstom Transport Philippe Mellier. Le groupe français joue là sa carte maîtresse pour gagner des parts de marché face à l'allemand Siemens, historiquement très présent en Russie.un enjeu pharaoniqueDifficile en effet à Moscou de passer à côté de ce rival, dont les couleurs trustent les supports de communication du puissant Russian Railways, l'équivalent russe de la SNCF. Les premiers trains à très grande vitesse (250 km/h) qui seront inaugurés le 22 décembre en Russie seront des Velaro, fleuron de Siemens. L'allemand vient en outre de remporter, avec le constructeur russe TVZ, une commande de 200 wagons de trains de voyageurs destinés aux liaisons internationales.Mais l'alliance Alstom-TMH « est celle qu'attendent les chemins de fer russes pour lancer une commande de 1.210 voitures à deux niveaux », pour laquelle les partenaires sont « preferred bidders », a souligné le porte parole de TMH Ledenev Artem depuis l'usine de Tver où seront construits les trains franco-russes. La crise, qui a fait chuter de 10 et 20 % les volumes de fret et le nombre de passagers transportés en un an, retarde cet appel d'offres qui pourrait être revu à la baisse.Face à cette conjoncture difficile, le patron de Russian Railways Vladimir Iakounine, proche de Vladimir Poutine, espère hisser son plan de renouvellement ferroviaire « au rang de priorité nationale », a-t-il lui-même déclaré mercredi lors de l'ouverture du salon. Ce programme prévoit le remplacement, d'ici à 2030 et pour 350 milliards d'euros, de l'ensemble du matériel roulant (soit 24?000 locomotives, un million de wagons de fret, près de 30.000 voitures de passagers et 24.000 rames de banlieue) ainsi que la construction de 20.000 km de voies. Il doit être financé à hauteur de 40 % par Russian Railways.un savoir-faire reconnuL'appel des Russes, dont les trains affichent des taux d'usure entre 60 et 85 % et qui accueilleront les Jeux olympiques d'hiver à Sotchi en 2014, se fait de plus en plus pressant. « Nous avons besoin du savoir-faire des constructeurs étrangers notamment dans la grande vitesse, où nous manquons de formations », a répété Vladimir Iakounine. Face aux journalistes français, son numéro deux, Boris M. Lapidus, s'est fait moins caressant : « Les gagnants seront ceux qui prendront des risques et iront le plus vite, en fabriquant des trains sur mesure sans attendre nos appels d'offres », a-t-il déclaré en jugeant Alstom à ce titre « moins motivé que d'autres ». Une manière (russe) de demander le meilleur au challenger français ? « Nous nous allions avec TMH, qui détient 90 % du marché, pour développer et intensifier sa production. Je ne vois pas ce que nous pourrions faire de plus ! », a réagi Philippe Mellier. Marine Relinge
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