Existe-t-il, sur ces marchés financiers aujourd'hui accusés de tous les maux de la terre, des traders exemplaires qui font gagner de l'argent à leur société sans toucher le moindre bonus ? La réponse est oui ! L'oiseau rare s'appelle Agustin Carstens, et il a la particularité d'être ministre des Finances du Mexique. Durant l'été 2008, il a décidé de « couvrir » sur les marchés à terme 15?% à 20?% du volume de pétrole exporté par son pays. L'enjeu n'était pas mince. Les recettes pétrolières représentent plus de 40?% du budget de l'État mexicain, sixième producteur mondial d'or noir (2,7 millions de barils par jour) et deuxième fournisseur des États-Unis après le Canada. Conseillé par Goldman Sachs et Barclays Capital, Agustin Carstens a investi plus de 1,5 milliard de dollars en produits dérivés sur des prix du baril compris entre 100 et 70 dollars. Le ministre spéculait, alors que l'or noir venait de pointer à 147 dollars, sur une baisse importante des cours en raison d'une érosion de la demande pétrolière mondiale liée à la récession. Le pari s'est révélé gagnant, rapportant quelque 8 milliards de dollars au pays. L'exemple d'Agustin Carstens pourrait-il inspirer d'autres pays exportateurs ? En tous les cas, la tentation pourrait exister. En effet, selon les projections de l'Agence de l'énergie américaine, si les membres de l'Opep devraient engranger plus de 550 milliards de dollars cette année, cela représentera 40 % de moins qu'en 2008. Ils devraient toutefois y réfléchir à deux fois, car prévoir le moment où la demande mondiale de pétrole repartira à la hausse s'avère un exercice périlleux. Agustin Carstens, qui aurait bien mérité un bonus et au moins les honneurs de son pays, reste pour sa part discret sur ses intentions. nPar Robert Jules, journaliste à «?La Tribune?».

latribune.fr

12 Sept 2009, 1:39

Partager :