Le dollar devient la victime des stratégies de portage

changesCurieux destin que celui du dollar. Tout au long des dernières séances, il n'a cessé de dériver, franchissant des points bas d'un an successifs face à l'euro et aux monnaies à haut rendement. Son indice pondéré face aux monnaies de six principaux partenaires commerciaux des États-Unis a reflué à son plus bas niveau depuis fin septembre 2008, à 76,51 vendredi. Lui qui fut la valeur refuge privilégiée en temps de crise devient la victime ciblée des investisseurs à qui la reprise de l'économie mondiale a redonné le goût du risque.suprême camoufletCe n'est pas le moindre des paradoxes, car les États-Unis sont en pointe dans cette reprise, comme en a attesté la semaine dernière la remontée de l'indice ISM des directeurs d'achats du secteur manufacturier au-dessus de la ligne de démarcation de 50, la barrière entre contraction et progression de l'activité qui, à terme, ne manquera pas de se diffuser aux services. Mais le goût du risque retrouvé, c'est aussi la recherche de placements à rendements avantageux. Et c'est là que le bât blesse pour le dollar. Il est désormais la monnaie mondiale la moins chère à emprunter pour les adeptes des stratégies de portage. Depuis le 24 août le taux interbancaire à 3 mois en dollars, le Libor fixé à Londres, est tombé en dessous de celui offert sur le yen, monnaie traditionnellement la plus faiblement rémunérée du monde et il n'a depuis lors cessé de décliner. Vendredi, il ne s'élevait plus qu'à 0,30 %. Résultat : le dollar a ravi la place peu enviable du yen et du franc suisse comme vecteur du « carry trade », la pratique spéculative qui consiste à emprunter une monnaie à faible rendement pour en investir le produit sur des placements plus rémunérateurs. L'euro, qui s'est retrouvé propulsé à son plus haut cours depuis septembre 2008, à 1,4635 vendredi, en fait partie. Et, suprême camouflet pour la monnaie de référence mondiale, le yen menaçait hier d'enfoncer le seuil de 90 pour un dollar. Certains lui promettent de revisiter prochainement le point haut de treize ans atteint en janvier dernier à 87.Même si de nombreux stratèges mettent en cause le bien-fondé de cette brutale redistribution des cartes, elle redonne du poids à l'offensive antidollar menée par la Chine, qui vient de la relancer à l'approche de la réunion du G20. Au point que le responsable des relations économiques avec Pékin au département du Trésor américain, David Dollar, s'est ouvertement inquiété vendredi de l'avenir de la demande étrangère pour les titres de la dette publique américaine. Isabelle Croizard
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