Président du monde, enfin !

Il y est arrivé ! À partir de ce soir, et pour un an seulement, Nicolas Sarkozy prend, comme il le désirait, la tête du G20, ce club des vingt pays qui rassemble 85 % de la richesse de la planète. Une consécration certes pour la France, dont la diplomatie a toujours privilégié la recherche de coopération internationale. Mais aussi pour un homme qui a toujours souhaité donner de la voix hors des frontières, avec, en filigrane, un match avec DSK, l'actuel patron du FMI.En juin prochain pour le G8 à Deauville ou à Nice, en novembre pour le G20 à Cannes, nous allons donc assister à une hyperprésidence dans l'hyperprésidence. Après le célèbre épisode du Fouquet's pour célébrer sa victoire électorale en mai 2007, où donc Nicolas Sarkozy pourrait-il fêter son accession virtuelle à la présidence du monde ? Au Plaza (Athénée), par référence aux accords du même nom qui, en septembre 1985, ont été la première tentative concrète de remédier aux désordres monétaires des changes flottants ? Ou au Café Marly au Louvre pour rappeler les accords signés en ce lieu, le 22 février 1987, pour marquer sa volonté de « réinventer » Bretton Woods ?S'il est une chose que l'on ne peut pas dénier à Nicolas Sarkozy, c'est de lui reconnaître de fortes intuitions, au moins sur les grandes questions internationales, avec de bonnes capacités à les claironner là où il faut et à entraîner ses collègues chefs d'État lorsque les circonstances le permettent. Il l'a montré pendant la présidence française de l'Union européenne, période bénie que l'homme aujourd'hui le plus impopulaire de France désire plus que tout revivre en 2011. Trempée dans l'encre du discours de Toulon de l'été 2008, sa capacité d'indignation contre les dérives du capitalisme financier semble toujours sincère et intacte, au moment où la volonté de le réformer s'émousse.La France a une longue tradition de défense de la stabilité monétaire et financière derrière elle et Nicolas Sarkozy s'inscrit dans ce sillon quand il affirme vouloir changer les choses. De Gaulle, dont il a prononcé l'éloge cette semaine, n'est-il pas le seul chef d'État occidental à s'être opposé à la politique de négligence américaine vis-à-vis du dollar ? Pour paraphraser Dominique de Villepin qui voit en Nicolas Sarkozy « le problème de la France », c'est bien aujourd'hui encore et toujours la devise américaine qui est le problème du monde ! Quarante ans après la fin de la convertibilité du dollar en or (35 dollars l'once), la contre-valeur de la devise américaine en métal jaune aura été divisée par 40 !Face à des États-Unis bien décidés à tout faire pour sortir de la crise, et à un Barack Obama affaibli, il faudra au président français du G20 beaucoup de finesse pour empêcher le monde de déclencher une guerre monétaire et commerciale. Il devra trouver des alliés autres que Hu Jintao et unifier les positions de l'Europe qui apparaît divisée alors qu'elle est la principale victime du face-à-face Chine-États-Unis. Pour protéger le monde des mouvements imprévisibles des capitaux, nul besoin de revenir aux vieilles lunes comme l'étalon or. Non ! La réponse aux nouveaux défis monétaires de l'après-crise n'est pas technique, elle est politique. Le monde doit réapprendre à se faire confiance et apprendre de son interdépendance.Président du monde pour un an, ce n'est bien sûr pas une garantie pour redevenir président de la France pour cinq ans. La plupart des sujets qui y seront discutés passeront très largement au-dessus des préoccupations de l'électorat. Ce qui est certain, en revanche, c'est qu'un échec de la présidence française du G20, c'est-à-dire un affrontement monétaire généralisé, serait catastrophique pour l'économie mondiale. Et donc pour l'emploi et le pouvoir d'achat des Français, véritables juges de paix du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Autant dire qu'il a plus qu'intérêt à aboutir à des résultats concrets.ParPhilippe Mabille Rédacteur en chef et éditorialiste
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