« La capacité de l'État belge à faire face à ses engagements est intacte », selon Yves Leterme, Premier Ministre de Belgique

La dette belge, proche des 100 % du PIB, et l'absence de nouveau gouvernement 214 jours après les élections législatives placent le Royaume dans le collimateur des marchés. L'écart de ses taux avec les emprunts d'État similaires allemands (spread) vient d'atteindre un plus haut historique. Pourtant, le déficit public a été meilleur que prévu en 2010, retombant à 4,6 % du PIB contre 6,8 % l'année précédente. Le Premier ministre « en affaires courantes », Yves Leterme s'est engagé à ramener le déficit budgétaire sous la barre des 4 % en 2011 afin de rassurer les marchés. Monsieur le Premier ministre, le fonds de stabilisation européen (FESF) doit-il être élargi dans son enveloppe et son champ d'action ?La Belgique est toujours disponible à suivre le consensus au niveau européen. Nous sommes capables et prêts, dans un effort de solidarité, à mettre l'argent qu'il faudra. Ce qui est important, c'est que tous les dirigeants européens soient prêts à démontrer la solidarité qu'il faut pour convaincre les marchés. On ne laissera pas perdurer les attaques sur l'euro et on défendra l'euro quoi qu'il faille faire. Si demain il faut doubler les moyens du fonds, on répondra présent.La Belgique pourrait-elle y avoir recours? Non, je ne crois pas. En tous cas, ce serait sur une base irrationnelle. Mais la question ne se pose pas et je ne souhaite pas répondre à des questions hypothétiques. Votre pays est mis sous pression par les marchés financiers. Certains analystes vous assimilent même aux PIGS. La Belgique est-elle en danger ?Non, pas du tout. Rien ne justifie cette croissance du spread. Notre croissance et notre politique budgétaire sont de loin supérieurs à la moyenne européenne. Nous sommes un pays qui prête de l'argent à l'étranger. Collectivement, la Belgique est un pays riche qui se trouve à l'opposé d'autres pays qui doivent emprunter massivement de l'argent à l'étranger. Aujourd'hui, nous avons la plus petite croissance d'endettement de la zone euro, faisant mieux que les objectifs promis aux instances européennes. Il n'y a donc aucune raison pour que la Belgique soit perçue comme elle est perçue par certains acteurs de marché. Quoi qu'il en soit, j'ai des soucis... et je suis la situation de très près, on me fait un rapport toutes les 3 heures sur les spreads. Mais fondamentalement, la capacité de l'Etat belge à faire face à ses engagements est intacte. Qu'est-ce qui justifie, selon vous, cette défiance? Il y a une grande part d'irrationnel sur les marchés. Ils se focalisent sur les difficultés politiques sans percevoir les résultats positifs de notre politique budgétaire. C'est la méconnaissance du système belge qui est en cause et nous payons le prix de la longue durée des négociations gouvernementales. Les gens doivent savoir qu'un gouvernement en affaires courantes n'est pas un gouvernement qui ne fait rien. Par ailleurs, des secteurs vitaux, tels que la politique économique, l'aménagement du territoire, l'enseignement, l'éducation ou la culture sont exercés aux niveaux communautaire et régional.La Belgique se place tout de même à la 16e place mondiale des pays risquant le plus la faillite dans un classement établi par des analystes de marchés...J'ai d'abord rigolé en lisant cela. C'est totalement exagéré. À la différence des pays tels que la Grèce et autres, nous sommes un pays créancier sur l'étranger avec un surplus sur la balance des paiements. Est-ce qu'un gouvernement d'affaires courantes, aux pouvoirs budgétaires limités, constitue en soi une politique de rigueur ?Effectivement, parce qu'on fonctionne avec un douzième du budget précédent, sans donc?engager de grandes dépenses supplémentaires. Il y a également une sous-utilisation des crédits qui mène à une grande épargne. Par le passé, le gouvernement de Guy Verhofstadt a fonctionné 15 mois sur ces douzièmes provisoires. C'est un système d'assainissement des finances publiques. Mais pour la suite, le concept d'affaires courantes est évolutif. En ce qui concerne la politique budgétaire on peut aller très loin car c'est le parlement qui a le dernier mot.Mais en même temps, Standard & Poor's (S&P) menace de dégrader votre note si vous n'avez pas de nouveau gouvernement dans les six prochains mois...S&P constate que nonobstant les affaires courantes nous atteignons nos objectifs et faisons même mieux, c'est ce qui compte. Ces gens doivent surtout se concentrer sur les chiffres: ceux de la Belgique sont bons et en finance, les chiffres sont importants.
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