Les libraires « tendent la main » aux éditeurs pour faciliter l'essor du livre en ligne

Alors que l'on s'attend au décollage rapide de la distribution de livres en ligne sous forme de fichiers numériques, libraires et grandes enseignes de distribution culturelle s'inquiètent de la faiblesse de l'offre disponible en France. Et redoutent de voir, comme l'a vécu la musique, le téléchargement illégal s'imposer avant l'émergence d'une offre légale attractive. Pour le SDLC (Syndicat des distributeurs de loisirs culturels qui regroupe la Fnac, VirginMeda, Cultura, Le Furet du Nord et Decitre) et le SLF (Syndicat de la librairie française), la transposition de la loi Lang sur le prix unique du livre à la vente de livres numérisés, qui peut se faire par la simple modification d'une circulaire de 1981, est une condition indispensable pour éviter une guerre des prix qui livrerait ce marché émergent à un ou deux acteurs dominants. Une position présentée mercredi à la presse et opposée à l'avis rendu la veille par l'Autorité de la concurrence. Autre préalable urgent pour faciliter l'essor du marché : la TVA réduite sur le livre en ligne, adoptée par l'Espagne, en référence à une directive européenne du 5 mai 2009.hachette éveille les craintesMais le SDLC et le SLF ont surtout présenté, comme nous l'annoncions, leur projet de « hub interprofessionnel ». Par ce tiers de confiance, géré paritairement par éditeurs et libraires, transiteraient les commandes en ligne des libraires, les fichiers de livres venant des plates-formes numériques des éditeurs ? Numilog (Hachette), Editis allié à Media Participation, Eden (Flammarion, Gallimard, La Martinière) ?, les échanges de factures? Il pourrait aussi servir « d'entrepôt » de stockage des fichiers pour les petits éditeurs. Objectif : mutualiser pour éviter à chaque libraire et enseigne de développer l'interface pour se connecter aux différentes plates-formes de distribution numérique mise en place par les éditeurs. Car les éditeurs français craignant la domination d'Hachette, qui leur a proposé de s'associer à sa plate-forme Numilog, avancent en ordre dispersé. Mais ils se retrouvent sur la réticence à confier leur catalogue numérique face à l'arrivée des géants américains Amazon, Google et sans doute bientôt Apple, dans la distribution de livre numérique. Ils craignent une guerre des prix à leur détriment, la perte de la maîtrise de leurs fichiers, de les voir livrer au piratage? Pour Christophe Cuvillier, patron de la Fnac, la proposition du SDLC vise à « dédramatiser » le sujet. Nous « tendons la main aux éditeurs », a renchéri Jean-Noël Reinhard, patron de Virgin.L'équivalent du service proposé par les détaillants existe dans le monde physique depuis vingt ans. C'est à Dilicom, société anonyme simplifiée, créée il y a vingt ans et qui a pour actionnaires les filiales de distribution des éditeurs (Hachette, Interforum-Editis, Volumen-La Martinière?), le groupement de libraires Alire, la Fnac? que les libraires passent leurs commandes. Dilicom s'apprête dans les prochaines semaines à élargir son service aux commandes de livres numériques, passées par les libraires ou e-commerçants sur un site professionnel dédié. Elle adressera aux plates-formes des éditeurs les éléments pour transmettre le fichier à télécharger, soit directement au consommateur, soit à la librairie. Dilicom a conclu des accords avec Eden et Editis mais pas avec le premier acteur Numilog-Hachette, a indiqué en marge de la conférence de presse Vincent Marty, directeur général de Dilicom. Une préfiguration du service proposé ?
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