La gauche ouvre son grand magasin des idées pour 2012

Les socialistes sont prêts et le changement est proche. » Martine Aubry veut y croire en ce début d'année 2011. En présentant jeudi ses voeux à la presse, la première secrétaire du Parti socialiste a déroulé son calendrier : « Gagner les cantonales en mars, présenter en mai notre projet pour la France, réussir en septembre les élections sénatoriales, choisir en octobre le meilleur candidat pour porter notre projet auprès des Français et rassembler la gauche autour d'un projet et d'une démarche gagnante pour les élections de 2012 ».Depuis plusieurs mois, les clubs, cercles de réflexion et autres think tanks qui gravitent autour de la rue de Solferino tournent à plein régime. Sur le modèle de ce que l'UMP avait accompli pour le candidat Sarkozy avant 2007, des conventions se sont tenues sur l'industrie, les retraites, l'agriculture, le développement, la sécurité, la politique de la ville, l'égalité « réelle ». Chaque présidentiable travaille sur des propositions concrètes qui seront sans doute débattues lors des primaires (voir ci-dessous).Le défi est de taille pour un parti qui n'a pas gouverné depuis la défaite noire de Lionel Jospin en 2002. Et qui fait de la « crédibilité » l'axe majeur du projet pour 2012. Martine Aubry a ainsi promis « cohérence, hiérarchie et financement » pour « l'ensemble des propositions » qui seront présentées au vote des militants le 19 mai puis adoptées lors de la « convention du projet » le 28 mai. Le PS espère contrer les polémiques sur le coût des promesses, comme celles qui avaient émaillé en 2007 la campagne de Ségolène Royal, marquée par la « trahison » du « chiffreur » Eric Besson.Déflagration Depuis 2007, il y a eu la crise financière de 2008, devenue crise économique et sociale en 2009 et 2010. Juste avant cette déflagration mondiale, le PS avait adopté au printemps 2008 une « déclaration de principes » actant son identité de parti « européen, républicain et réformiste ». Les socialistes s'y affirmaient déjà « partisans d'une économie sociale et écologique de marché [...] régulée par la puissance publique ainsi que par les partenaires sociaux ».Ce cadre reste valable aujourd'hui. La crise l'a même renforcé. Tous les présidentiables du PS ? même le leader de l'aile gauche, Benoît Hamon ? s'inscrivent dans cette démarche d'un « changement » qui ne sera pas une « révolution ». En dépit des cérémonies et querelles d'héritage qui ont marqué le quinzième anniversaire de la mort de François Mitterrand, l'heure est davantage au réalisme qu'au lyrisme de 1981. Même si, à l'instar de François Hollande, beaucoup de socialistes font un lien entre les années Giscard et la présidence Sarkozy.Mais les socialistes doivent encore résoudre l'éternel problème du lien entre candidat et programme. En 1988, François Mitterrand s'était fait réélire en s'émancipant totalement du PS pour prôner la « France unie ». En 2002, Lionel Jospin avait trébuché en annonçant que son projet n'était « pas socialiste ». En 2007, Ségolène Royal avait pesté contre des promesses intenables, comme le smic à 1.500 euros ou la généralisation des 35 heures. Que fera le candidat désigné en octobre du projet présenté en mai ? Aujourd'hui, l'absence de DSK et le silence de Martine Aubry sur ses intentions profitent notamment à François Hollande, qui affirme ne vouloir « promettre que ce qu'il pourra tenir ». L'heure est décidément au sérieux.
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