Quatre questions posées par le risque nucléaire japonais

STRONG>Que pèse la production d'électricité nucléaire au pays du Soleil-Levant ?Bien que le pays soit dépourvu de matières premières combustibles, le poids de l'histoire explique que la production atomique nippone ne représente qu'environ 30 % de l'électricité consommée dans l'archipel. Le parc de centrales nucléaires compte tout de même 54 réacteurs (répartis sur 19 sites), un chiffre proche de celui de la France (58 réacteurs). En 2009, selon la World Nuclear Association, la production électrique japonaise s'est élevée à 1.085 milliards de kilowattheures (kWh), tirée à 30 % du charbon, 25 % du gaz, 11 % du pétrole, 7,5 % de source hydroélectrique et enfin 24 % provenant du nucléaire. Globalement l'archipel, comptant parmi les pays les plus énergivores du monde, est contraint d'importer environ 80 % de ses besoins énergétiques. La plupart des centrales sont installées sur les côtes. Les réacteurs sont construits pour résister aux chocs sismiques allant jusqu'à 7 sur l'échelle de Richter et s'arrêter automatiquement en cas de puissante secousse.Quelles conséquences pour l'activité ?Dès vendredi, onze réacteurs nucléaires proches des zones les plus frappées se sont mis à l'arrêt automatiquement. Le bâtiment abritant le réacteur n° 1 de la centrale de Fukushima s'est effondré suite à une explosion et la compagnie Tokyo Electric Power (Tepco) a déclaré dimanche que le réacteur n° 3 de cette centrale du nord-est du Japon donnait des signes inquiétants, avec risque d'explosion. Ces arrêts soudains ont provoqué des coupures de courant privant d'électricité dimanche au moins 5,6 millions de foyers. Par ailleurs, Tepco a averti d'un risque d'interruption de l'alimentation en électricité de Tokyo, distant de 250 kilomètres. De nombreux sites industriels ont été mis à l'arrêt, les constructeurs automobiles ont arrêté tout ou partie de leur production imités par plusieurs industriels de l'électronique (lire page 4). Tepco envisageait dès dimanche des interruptions d'alimentation tournantes sur l'ensemble du pays.En quoi la France est-elle concernée ?Il n'y a aucune de raison de « sonner le tocsin », ont assuré samedi les ministres de l'Écologie et de l'Industrie, Nathalie Kosciusko-Morizet et Éric Besson. Prudente, la ministre a assuré qu'à ce stade le nuage de vapeur radioactive de la centrale japonaise de Fukushima ne soulevait pas d'inquiétude pour les populations des territoires français d'outre-mer, notamment pour ceux de la Nouvelle-Calédonie. Selon Éric Besson, il faut « dire et redire à nos concitoyens que toutes les centrales (françaises) ont été conçues en intégrant les risques sismiques et d'inondation ». « Il y a des révisions régulières », a-t-il ajouté. Le président de l'Autorité de sûreté du nucléaire (ASN), André-Claude Lacoste, a précisé qu'il n'y avait pas lieu, notamment, de renforcer la sécurité de la centrale de Fessenheim, située dans une zone à risque sismique en Alsace.Le débat sur le nucléaire relancé ?L'accident nucléaire a suscité de vives inquiétudes de nombreuses organisations hostiles au nucléaire. « Ce séisme dévastateur montre que le nucléaire est un colosse aux pieds d'argile », estime le Réseau Sortir du nucléaire (RSN) qui rappelle que « les tremblements de terre n'arrivent pas qu'en Extrême-Orient ». Pour RSN « la machine à étouffer l'information se met en marche ». L'Observatoire du nucléaire estime lui que les déclarations du gouvernement français visent « avant tout à protéger les intérêts de l'industrie nucléaire française », ainsi qu'à « rassurer la population... ». Pour Les Amis de la Terre, qui parlent de « la malédiction de l'atome », « 65 ans après Hiroshima et Nagasaki, un nouveau Tchernobyl menace aujourd'hui le Japon ». Pour Greenpeace, qui considère que « le mythe de la sûreté nucléaire est en question », « vingt-cinq ans après la catastrophe de Tchernobyl, dont on nous a expliqué qu'elle était liée aux insuffisantes normes de sûreté des centrales soviétiques, on se rend compte que, dans un pays réputé très sûr comme le Japon, la catastrophe arrive quand même. » Rémy J
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