Les pistes de réforme du gouvernement se précisent

En indiquant de prime abord qu'il excluait l'augmentation des prélèvements, Eric Woerth a éliminé un des principaux paramètres sur lesquels peut jouer une réforme des retraite.«La porte d'entrée n'est pas celle des recettes», explique-t-on rue de Grenelle. Ce curseur, le gouvernement pourrait le garder en réserve, le cas échéant, pour financer la dépendance. Pour l'heure, une hausse des cotisations retraites ne ferait qu'empêcher le retour à la croissance, plaide-t-il. La voie privilégiée est donc la seule approche démographique. A savoir l'augmentation du nombre de cotisants par rapport à celui des pensionnés : que ce soit via un durcissement des conditions de liquidation de la retraite, en facilitant l'entrée sur le marché de l'emploi des jeunes ou en encourageant le maintien des seniors sur ce marché. Le seul prélèvement supplémentaire envisagé l'est par «souci d'équité». Comprendre que l'impôt retraite évoqué par Nicolas Sarkozy n'aura qu'un caractère symbolique par rapport aux enjeux de financement des retraites et qu'il portera sur une assiette restreinte, dans le seul objectif de montrer que les plus aisés contribuent à l'effort.Le gouvernement exclut par ailleurs une dégradation du niveau de vie des pensionnés. Faut-il pour autant instaurer une garantie pour les futurs retraités? La porte ne semble pas fermée. Faut-il fixer un taux de remplacement minimal pour tous, à l'instar de ce que la réforme Fillon a prévu pour les salariés au Smic ? «C'est techniquement possible», répond-on au ministère du travail. Plus d'« équité »La réforme passera en tous cas par plus «d'équité» entre salariés du public et du privé. Pour les régimes spéciaux, le gouvernement est plus hésitant, considérant qu'ils viennent tout juste d'être réformés. Reste le noeud de la réforme : l'accroissement du ratio cotisants/retraités. Recul de l'âge légal de la retraite (et donc, de façon corollaire, de l'âge du départ à taux plein soit 65 ans) et/ou allongement de la durée de cotisation? Là, le gouvernement ne veut pour l'instant dévoiler ses intentions. Tout juste reconnaît-il que fait «partie de la réflexion» la question de savoir s'il faut maintenir le rapport instauré en 2003, selon lequel tout gain d'espérance de vie à 60 ans doit être réparti selon la règle «deux tiers pour l'allongement de la durée d'assurance» et «un tiers pour l'accroissement de la durée moyenne de retraite». La question de l'emploi des seniors semble en revanche plus avancée : le ministère du Travail considère que tous les outils sont déjà en place et qu'il suffit de les développer. En aucun cas, l'amélioration de l'emploi des seniors n'est un préalable. «Celle-ci doit se faire en même temps que l'évolution des paramètres, laquelle sera de toutes façons progressive», assure-t-on rue de Grenelle. La pénibilité et les mécanismes de solidarité font, enfin, l'objet de groupes de travail. S'ils ne sont pas au coeur de la réforme, ils pourraient faire l'objet de contreparties utiles, à l'égard de partenaires sociaux trop réticents. Stéphanie Tisserond
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