« Pour éviter de graves crises, la Chine doit absolument réévaluer sa monnaie »

George Hoguet, Directeur et Stratégiste financier Senior chez State Street Global AdvisorsComment les pays dits développés vont-ils émerger des crises financières à répétition ?Avec la Grèce nous sommes entrés dans la phase II de la crise, qui va conforter les partisans d'une régulation renforcée. Les innovations empêchent de contrôler parfaitement la sphère financière mais nous entrons de toute façon dans un monde moins fondé sur l'endettement, sur les flux mondiaux de capitaux et sur certaines activités bancaires débridées. Le poids de la sphère financière va s'en trouver amoindri, l'enjeu est de faire en sorte que l'économie réelle n'en souffre pas. L'autre conséquence est que les investisseurs vont devenir plus exigeants en matière de transparence, à tous les niveaux : comptes des entreprises et des états. Cela va de pair avec leur préoccupation du moment : réduire leur exposition au risque. Les pays émergents répondent-ils en cela à leurs attentes ? A quelques exceptions près, ces pays affichent en effet des bilans financiers et démographiques bien meilleurs que les pays riches qui traversent une grave crise financière au moment où la génération du « baby boom » part à la retraite. Les pays émergents n'ont fondamentalement pas ou peu souffert ces dernières années, leur potentiel de croissance économique reste très important. Un portefeuille d'actions neutre en matière d'allocation géographique devrait comporter 13 % d'actions émergentes, or l'écrasante majorité des portefeuilles ne comportent que 2 % ou 3 % de ces titres. C'est dire si leurs marchés actions sont amenés à se développer.Les risques inhérents à ces marchés sont-ils bien rémunérés ?Les marchés émergents n'échapperont pas à des phénomènes de bulles et à des crises financières. En Chine, la masse monétaire M2 progresse de 28 % par an depuis 2 ans ce qui est souvent annonciateur de crise bancaire. Mais, jusqu'à présent, les Chinois ont démontré leur capacité à bien gérer les crises. Le déséquilibre le plus important chez eux reste le taux de change du yuan.La Chine importe plus et l'économie américaine est en phase de désendettement. Le rééquilibrage de l'économie mondiale semble en marche ?Il est beaucoup trop lent. Pour éviter de graves crises, la Chine doit absolument réévaluer sa monnaie, entraînant dans son sillage la Malaisie, HongKong et tous les pays de l'ASEAN. En Europe, l'Allemagne doit stimuler sa demande intérieure et ses voisins, tout comme les états-Unis, doivent se serrer la ceinture. Mais surtout, la crise grecque l'a prouvé, les pays doivent se coordonner au niveau mondial.Quelle est, selon vous, la plus grande menace qui pèse aujourd'hui sur l'économie et la finance mondiale ?Un mouvement de panique suite à l'échec du placement de la dette d'un pays plus important que l'Espagne, qui bloquerait quasi instantanément le système interbancaire. En revanche, je crois que le dynamisme des pays émergents va permettre au monde développé d'échapper à un « double dip », une rechute dans la récession, qui constituait jusqu'à récemment une menace très importante.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.