Vous pensez que le polo est affaire de cheval ? Il est surtout question de maniement du maillet. Un bon poignet vaut ici mieux qu'une bonne assiette. Car les chevaux de polo sont de merveilleux petits bolides, tellement à leur affaire, qu'il suffit de leur faire confiance pour vous emmener droit sur la balle. Dans ce sport, on fait réellement équipe à deux : le cavalier et sa monture, chacun devant compter sur la dextérité de son partenaire pour faire un bon joueur. Du coup, inutile d'être un cavalier émérite pour s'y adonner. En guise d'initiation, c'est d'ailleurs sur un tabouret que l'on commence la pratique, un maillet en bambou de 1,30 mètre à la main pour taper dans une balle de la taille d'un pamplemousse. Puis l'entraînement se poursuit à cheval... de bois ! Les rênes dans la main gauche, le maillet dans la droite (même pour les gauchers), il s'agit de décoller ses fesses et se pencher en avant pour arriver à shooter dans cette maudite balle. Les joueurs de tennis sont à leurs aises : coup droit, revers, il faut frapper bien parallèle. Car ce que redoutera le cheval une fois sur le terrain, c'est le coup de maillet dans les jambes venu de son cavalier débutant. Troisième et dernière étape : casque vissé sur la tête, en selle ! Les chevaux de polo sont petits (1,55 m à 1,65 m au garrot), toniques et endurants mais très obéissants. Sur le terrain de jeu de cinq hectares des pelouses d'Apremont - dont le gazon est rasé de près comme un terrain de foot - ces poneys, pour la plupart argentins, ne connaissent quasiment que le galop et l'arrêt. En quelques secondes, ils atteignent 50 km/h pour stopper net et repartir à angle droit s'il faut poursuivre la balle. Élevés en groupe, ils sont braves et calmes, aiment le jeu, ne craignent pas de « foncer dans le tas » mais savent toujours s'éviter. C'est le « marquage ». Épaule contre épaule, ils se bousculent avec une confiance aveugle dans leur cavalier. Instant d'émotion en foulant l'herbe fraîche : c'est ici que s'entraîne l'équipe de France de polo avant d'aller glaner des lauriers à Rome, Santiago du Chili ou à Buenos Aires. C'est ici que depuis 2004 se disputent les Championnats du monde de polo. Sur le terrain, Philippe Perrier, directeur du Polo Club de Chantilly, explique les règles du jeu : deux équipes de 4 cavaliers vont s'affronter de manière à marquer le plus de goals possibles en envoyant la balle dans les buts adverses. Un match se joue en quatre à huit périodes de sept minutes chacune. C'est parti ! On a l'impression d'avoir un immense joystick dans la main gauche, certes un peu remuant, mais pas fourbe pour deux sous. Mon poney a même été shooter dans la balle que j'avais ratée avec mon maillet, faisant la passe à mon équipier d'un jour, Yves Meylan, directeur général de Jaeger Lecoultre. Le polo est inscrit dans les gênes de cette entreprise, sponsor de nombreux trophées. La fameuse montre Reverso ayant été conçue en 1931 pour des joueurs de polo agacés de briser le verre de leur montre sur les terrains indiens.Car dans ce sport, le plus dangereux c'est encore le maillet. La précision de son maniement en fait parfois oublier le cheval - tellement pro - pour ne se concentrer que sur le jeu de ballon. Pour peu que l'on ait la fibre ludique, faire équipe est un régal, le poney de polo aimant tellement jouer qu'il sait anticiper les indications du cavalier, se placer sur la balle et prendre des initiatives tel un coéquipier de valeur. Autant vous dire que pour un débutant, le professeur c'est un peu lui. Et s'il sent que vous y prenez goût, il aura à coeur de vous faire partager sa passion. Une sorte de football où nous serions tous des centaures, mi-homme, mi-cheval. Sophie Péters www.poloclubchantilly.comCours de polo tous les week-ends et matchs d'apprentissage.E-mail : [email protected]él. secrétariat : 03.44.64.04.30.Pour admirer : prochains tournois : 22-30 mai et 22 mai/6 juin.

latribune.fr

13 Mai 2010, 23:21

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