Les régulateurs haussent le ton face aux nouvelles pratiques de marché

Un tiers des transactions [en Europe, ndlr] est aujourd'hui le fait de traders qui utilisent des programmes informatiques de passation automatique des ordres. Ces techniques, à l'utilité sociale douteuse, compliquent la détection des manipulations de cours tout en perturbant les investisseurs qui n'arrivent plus à lire le march頻. Auditionné par la Commission d'enquête sur les mécanismes de spéculation à l'Assemblée nationale, Jean-Pierre Jouyet, le président de l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) a souligné la semaine passée les inquiétudes suscitées parmi les régulateurs par le développement du trading à haute fréquence. Permis par une informatique de plus en plus rapide, celui-ci permet de saisir le moindre décalage de cours en un temps infime, à des fins d'arbitrage ou d'animation de marché. Quitte à annuler bon nombre des ordres soumis en Bourse dès que les conditions de marché évoluent. Jean-Pierre Jouyet faisait écho à Mary Schapiro, la présidente de la Securities & Exchange Commission (le gendarme de la Bourse américaine), qui, la veille, avait esquissé les étapes éventuelles du renforcement de la structure des marchés. Les intervenants sur ce marché à haute fréquence « peuvent générer plus d'un million de transactions en une seule séance et représentent désormais plus de 50 % des volumes des marchés d'actions américains », a-t-elle indiqué. Surtout, ils peuvent annuler jusqu'à 90 % de leurs ordres. Comment être certains, dès lors, que ces annulations sont bien motivées par un changement des conditions de marché et non par une volonté de le manipuler ? « stratégie illicite »Comme pour confirmer le regard plus vigilant des régulateurs vis-à-vis de cette pratique de marché, la Finra (le régulateur américain des courtiers) a annoncé lundi avoir mis à l'amende une société new-yorkaise, dans le cadre d'un accord à l'amiable, d'un montant total de 2,26 millions de dollars mettant fin à toute poursuite sans que les intéresés n'aient à reconnaître ou à nier les faits. Trillium Brokerage Services et neuf de ses traders étaient accusés de « stratégie illicite » et de défaut de contrôle. Les neuf traders auraient entré de multiples ordres pour réveiller les intérêts à l'achat et à la vente sur certaines valeurs. Une fois passés les ordres d'autres intervenants sur le marché, Trillium a immédiatement annulé les siens et pu profiter de prix plus avantageux, qui n'auraient pas été disponibles sans ses manipulations. Et ce, en 46.000 occasions en 2006, selon la Finra, qui a évalué le profit à 575.000 dollars. « Nous n'excluons pas de brider la vitesse des transactions, d'imposer une durée minimale avant l'annulation d'un ordre ou de tarifer les ordres annulés », a préconisé Jean-Pierre Jouyet devant les parlementaires, tout en appelant à une entente européenne pour élever les moyens réglementaires et techniques. Mary Schapiro a aussi évoqué la possibilité d'exiger un délai minimum de validité pour les ordres soumis au marché.
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