cinémaEn tant que réalisateur, Gérard Jugnot a de la suite dans les idées. Qu'il s'agisse d'« Une époque formidable » ou de « Monsieur Batignole », chacun de ses films met en scène un monsieur Toulemonde plongé dans un environnement hostile. « Rose & Noir », son dernier opus, n'échappe pas à la règle. Mais, cette fois, Jugnot nous offre en prime une belle leçon de tolérance.En 1577, Pic Saint Loup (Gérard Jugnot), un grand couturier français vieillissant, favori de la cour du roi de France, se voit confier par Henri III une mission diplomatique : confectionner une robe de mariage pour la fille d'un grand d'Espagne. Oui mais voilà, Pic Saint Loup et ses compères qui se mettent en route vers Séville composent une bande totalement atypique. Il y a là des folles tordues, un marrane, un protestant et un Maure. Bref, tout ce qu'exècre l'Espagne catholique et intégriste de cette époque, soumise à l'Inquisition.au temps de l'inquisitionNe boudons pas notre plaisir. Quelle joie de renouer avec les films en costumes. Et quels costumes ! À commencer par les toilettes des « messieurs » qui entourent Pic Saint Loup. D'autant que Jugnot manie avec humour ? et sans en abuser ? les anachronismes.« Rose & Noir » est incontestablement une belle fable qui s'élève contre le fanatisme et prône la tolérance et le droit à la différence. Le film se passe en Occident sous l'Inquisition. Mais Jugnot aurait tout aussi bien pu situer son action dans l'Iran ou l'Afghanistan de ce début de XXIe siècle où sévissent d'autres « fous de Dieu ».Le casting est à la hauteur avec, notamment, un Bernard Le Coq dans le rôle du protestant et Assaad Bouab, le Maure obligé de se métamorphoser en blond viking.Mais « Rose & Noir » contient quelques faiblesses. À trop vouloir dénoncer, le réalisateur sombre dans la caricature et le manichéisme. Le côté (trop) loufoque ? qui rappelle « La Folie des grandeurs » de Gérard Oury ? affaiblit le message de tolérance. Reste la dernière image du film. Un choc.Jean-Christophe Chanut

latribune.fr

14 Oct 2009, 1:54

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