« Mademoiselle Chambon »

cinémaOn l'a vu débuter dans les rôles de jeune premier, avant qu'il ne truste les magazines people. Mais voilà plusieurs années que Vincent Lindon s'attache à servir le cinéma d'auteur français en incarnant des personnages magnifiques auxquels chacun peut s'identifier. C'était hier le cas avec « Welcome », de Philippe Lioret, où il offrait aux spectateurs une composition magistrale. Il récidive aujourd'hui avec « Mademoiselle Chambon », de Stéphane Brizé, une ?uvre adaptée du roman au titre éponyme d'Éric Holder.Coup de foudreLindon y incarne Jean. Mari fidèle, père aimant, fils attentif, il travaille comme maçon du côté de Marseille, s'entend très bien avec ses collègues et adore ce qu'il fait. Jean est « juste quelqu'un de bien » comme pourrait le chanter Enzo Enzo. Et la vie rangée qu'il mène lui convient à merveille. Jusqu'au jour où son regard croise celui de mademoiselle Chambon, l'institutrice de son fils (Sandrine Kiberlain, émouvante). Coup de foudre immédiat.Tout pourtant les sépare. Et c'est sur cette opposition que Brisé construit son film. Jean vient de la France d'en bas, et est ancré dans son terroir. Mademoiselle Chambon est de passage, vient d'un milieu très bourgeois. Il est terre à terre, dégage une force incroyable. Elle était violoniste et paraît si fragile. C'est un taiseux, elle vit des mots et avec eux.la force du non-ditInutile de chercher dans ce film, porté par une image superbe, une trace de comédie romantique, une passion torride et pleine d'action. Tout est dans le non-dit, dans l'émotion en suspens, dans l'attente. La caméra de Brizé scrute les visages, capte un regard au vol, un geste, une gène, une respiration, sans jamais se placer en position de voyeur. L'attraction entre ces deux êtres en devient palpable et quand l'émotion est à son comble, Brizé dégoupille l'ensemble d'une scène très drôle. Comme celle chez les croque-morts. Ou alors celle où Jean, sa femme (Aure Atika, parfaite) et leur fils, tentent de comprendre les termes alambiqués d'un exercice de français autour du COD (complément d'objet direct).Au final, c'est un film intemporel d'une beauté classique que réussit le réalisateur, accentué par le fait que l'action se passe dans un village de province d'aujourd'hui mais dans lequel n'apparaissent pas les signes de la modernité comme Internet. Et l'on est une fois de plus envoûté par le jeu de Lindon, qui tend de plus en plus à l'épure.
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