L'A400M, le boulet financier de Thales

En dépit des réticences des commissaires aux comptes et du directeur financier, Patrice Durand, le PDG de Thales, Luc Vigneron, a imposé ses vues.À savoir provisionner lourdement l'exercice 2010 pour tenir ses objectifs en 2011 et 2012. Les charges et provisions complémentaires sur plusieurs contrats, dont notamment le programme A400M (voir « La Tribune » du 8 février), s'élèvent ainsi à plus de « 700 millions d'euros », selon les éléments financiers préliminaires de l'exercice 2010 dévoilés lundi. Ce qui fait plonger Thales dans le rouge, le résultat opérationnel devant « être proche de ? 100 millions d'euros ».Car pour l'heure, Thales, qui doit fournir le système de gestion de vol (Flight management system) de l'A400M, n'a reçu aucun acompte financier de la part d'Airbus, assure-t-on de sources industrielles. Normal puisque ce contrat a été signé par Thales en tant que partenaire à risques et ne se sera donc payé qu'à la livraison des avions. Depuis l'opération vérité fin 2010 entre Airbus et Thales - qui a tenté de bloquer l'accord entre EADS et les États clients sur le financement de l'avion de transport militaire - les relations sont certes moins tendues.Trouver un accord avec AirbusMais les négociations progressent lentement sur les surcoûts financiers (qui paie quoi ?), la refonte du contrat, les contraintes et les responsabilités communes des deux partenaires. « Nous devons vérifier un certain nombre de points contractuels avec Thales », confirme-t-on chez Airbus. Elles portent également sur l'engagement financier de l'électronicien par rapport au nouveau calendrier qu'il a fourni à l'avionneur. En clair, les deux partenaires doivent trouver un accord sur les responsabilités de Thales sur des éventuels futurs retards de livraison au regard des spécifications et des fonctionnalités exigées par Airbus, notamment sur la quatrième et dernière version du FMS, qui équipera en principe l'A400M en 2018.À Toulouse, on estime avoir tout le temps pour négocier « le contenu et les conditions » de cet accord. Et on assure de la bonne volonté de Michel Mathieu, en charge de l'avionique chez Thales, et du numéro deux d'Airbus, Fabrice Brégier, pour parvenir à un accord « gérable pour eux et engageant pour nous ». Même si on se méfie « des marges de manoeuvre » du premier par rapport à sa direction générale. Thales doit notamment fournir quatre versions du FMS au fur et à mesure des modernisations de l'A400M jusqu'en 2018. Michel Cabirol
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