Affaire Madoff : Dexia Private Banking Luxembourg négocie au cas par cas

cite>Dexia Private Banking propose d'indemniser des clients investis dans le hedge fund Rafale Partners. Comme l'indique le rapport annuel 2007 du fonds, ce produit « madoffé » était enregistré aux Îles Vierges Britanniques, géré par Broadgate Management, et avait pour dépositaire Crédit Agricolegricole Suisse et Dexia Banque Internationale. La filiale de banque privée de Dexia en faisait la promotion. Est-ce la fin du cauchemar pour ces investisseurs ? Pas tout à fait, au regard de ce que Dexia Private Banking leur propose.Selon nos informations, la banque privée a fixé des seuils de résistance (montant maximum de remboursement) d'indemnisation compris entre 15% et 80% environ des sommes investies initialement. La démarche est des plus maladroites dans la mesure où cela suppose une absence d'équité de traitement entre les porteurs concernés. En effet, quels sont les critères retenus par la banque justifiant d'indemniser certains clients à hauteur de 15% et d'autres à 80%? Est-ce sur la base des montants investis, l'ancienneté du client ou l'intensité de sa colère ? Par ailleurs, pourquoi les conseils de la banque n'ont-ils pas tiré la sonnette d'alarme, avertissant Dexia Private Banking qu'elle s'engageait sur un terrain miné et s'exposait à des actions en justice? Sans compter l'impact négatif sur son image. Tous les clients, qu'ils aient investi 100 euros ou 100 millions d'euros, ont subi le même préjudice et perdu leur argent pour les mêmes raisons. Contactée par «La Tribune», Dexia Private Banking Luxembourg n'a pas souhaité répondre à nos questions.Si avec cette proposition la banque espérait régler l'affaire, elle a en réalité remis de l'huile sur le feu, réveillant la colère d'investisseurs. C'est aussi une manière de reconnaître sa faute en matière de conseil. Selon nos informations, certains clients ont accepté la transaction et signé un protocole d'accord s'engageant à ne pas poursuivre la banque. D'autres ont refusé et ont déjà attaqué l'établissement pour traitement inégal entre porteurs, et défaut de conseil. Sur ce point, dans un document de cinq pages intitulé «Rafale Partners INC, fonctionnement du produit» remis aux investisseurs et que «La Tribune» s'est procuré, il est indiqué que le processus de gestion de Rafale reposait sur de l'arbitrage de volatilité sur le S&P 100. Or la stratégie utilisée en théorie par Madoff, dite «split strike conversion» (stratégie d'option), n'est pas de l'arbitrage de volatilité, comme de nombreux spécialistes l'ont démontré. Par ailleurs, comme il est aussi mentionné dans le document, cette stratégie était «effectuée uniquement par le biais d'un marché organisé», d'où une «excellente liquidité du portefeuille et un faible risque débiteur», les contreparties étant supposées connues. Des tels arguments facilitant la vente de ce hedge fund. Sauf que Madoff passait, en théorie, par un marché de gré à gré. Ce qui, dans ce cas, pose la question du risque de contrepartie. Dexia Private Banking, comme d'autres, n'a donc pas réalisé la «due dilligence» nécessaire. plus accommodantsD'autres établissements ont eu des politiques d'indemnisation plus accommodantes. En Espagne, la banque Santander a été le premier établissement à proposer à ses clients privés lésés un remboursement intégral de leur placement, pour 1,38 milliard d'euros. Concrètement, elle les a remboursés en actions de préférence, y mettant comme condition que les clients s'engagent à n'intenter aucune action en justice. En France, Meeschaert remboursera ses clients à hauteur de 100% des investissements initiaux dans Luxalpha. La moitié a été versée en 2009, le solde devant arriver au plus tard le mois prochain.Moins généreuse, la banque privée suisse UBP, exposée pour un milliard de francs suisses à la fraude Madoff, a indiqué rembourser ses clients à hauteur de la moitié de la valeur initiale de leurs investissements dans des fonds «madoffés» via un paiement étalé sur cinq ans majoré d'un intérêt de 2% à ces versements fractionnés. Les clients sont donc «contraints» de rester dans la banque.
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