« Solvabilité II accélère la réflexion sur les fonds en euros »

L'activité d'assurance a connu une croissance de 22 % à 20,7 milliards d'euros de chiffres d'affaires en 2009 et une bonne progression au premier semestre 2010, en particulier en France, en Belgique, au Luxembourg et à Taïwan, avec une collecte nette de 2,2 milliards d'euros. Ces derniers mois, le bancassureur a créé une coentreprise en Italie en assurance dommages, racheté l'ancienne filiale d'assurance-vie de Dexia en France et une société d'assurance-vie en Turquie. Et n'écarte pas l'éventualité d'autres acquisitions. L'assurance-vie épargne représente 82 % de l'activité de BNP Paribas Assurance mais compte tenu des nouvelles contraintes de solvabilité et des taux d'intérêt très bas, va-t-elle continuer à croître ? L'assurance-vie est très rentable pour nos clients. En France et en Belgique par exemple, nos portefeuilles constitués au fil du temps bénéficient d'un rendement très supérieur à celui des produits obligataires et monétaires. La question est de savoir si nous pourrons conserver suffisamment d'actions sur l'actif général pour rendre le fonds en euros attractif pour les clients, ou si nous ne le pourrons pas, compte tenu des contraintes de solvabilité. Ces contraintes de solvabilité vont-elles vous conduire à modifier votre offre d'assurance-vie ? Il y a des produits alternatifs d'assurance-vie qui émergent. Je pense en particulier à « l'euro diversifié ». C'est un produit sur lequel la garantie en capital n'est pas donnée à tout moment comme sur le fonds en euros, mais uniquement au terme, ce qui permet une gestion plus dynamique. Concrètement, ce contrat en euro diversifié est composé de deux parties, le fonds général qui sécurise le capital investi et la provision technique de diversification - en unités de compte - qui donne la sur- performance sur la durée de l'investissement. Donc, il s'agit à la fois d'un produit protecteur et attractif pour le souscripteur, et moins coûteux en fonds propres pour l'assureur. Ce produit en « euro diversifié » avait été décrié en 2005 à sa création, pourquoi ce retournement ?Oui, mais depuis, il y a eu la crise financière et Solvabilité II. Le fait de garantir le capital est devenu primordial et la contrainte de fonds propres est devenue plus forte. J'ajoute que la mise en place de système d'information pour gérer ce type de produit est très coûteuse. On ne se lance pas du jour au lendemain dans un tel investissement. Cela explique que la création d'un contrat en euro diversifié ait pris un peu de temps. Il est clair que Solvabilité II accélère la réflexion sur les solutions alternatives à l'assurance-vie en fonds en euros. Préparez-vous de nouveaux produits ? En France, nous avons préparé le lancement de nouvelles offres. Il s'agit notamment d'offres d'assurance qui accompagnent le projet de banque directe de Banque Cetelem, qui a commencé à fonctionner. Nous élaborons aussi de nouvelles offres dans le domaine de la protection et de l'épargne pour BNP Paribas mais ces produits ne sont pas encore lancés. Comment se passe la collaboration avec Ageas, la société d'assurances issue du démantèlement de Fortis ? L'organisation actuelle est satisfaisante et le partenariat fonctionne bien. Ce que nous faisons en Italie en assurance dommages, où nous avons UBI Assicurazioni, une coentreprise avec Ageas, en est un bon exemple.Allez-vous proposer de l'assurance dommages dans le réseau BNL en Italie? Nous avons aussi des perspectives de travailler avec le réseau de BNL pour distribuer les produits d'assurance d'UBI. L'idée est d'élargir et faire évoluer la gamme de produits. Si d'autres perspectives de coopération se présentent avec Ageas, nous regarderons favorablement. Nous sommes attentifs à d'autres possibilités de partenariat en Europe mais je ne peux pas en dire plus. Après le rachat d'une filiale d'assurance- vie d'Ageas en Turquie, quelle est votre politique d'acquisition ? Notre politique d'acquisition va rester extrêmement prudente d'abord parce que notre croissance interne reste très vigoureuse. Nous restons néanmoins attentifs aux opportunités qui peuvent se présenter. Le secteur de la bancassurance semble rester à l'écart des opérations de fusion-acquisition qui redémarrent, pourquoi ?Ma conviction est que la situation restera figée tant que le paysage réglementaire ne sera pas stabilisé. Concernant Bâle III, il serait absurde de traiter moins bien les grandes banques que les petites. J'espère que les pouvoirs publics n'exigeront pas une couche supplémentaire de fonds propres pour les grandes maisons car ce serait immédiatement récessif. Trop de fonds propres demandés impliquera moins de crédit dans l'économie.Retrouvez l'intégralité de l'entretien sur Latribune.frLe fait de garantir le capital est devenu primordial et la contrainte de fonds propres est devenue plus forte.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.