La lente érosion du dollar s'auto-alimente

Le dollar a continué à dériver, refranchissant le seuil de 1,49 pour 1 euro, pour glisser jusqu'à près de 1,4950, son plus bas niveau depuis août 2008. Pourtant, deux événements, l'un désormais banalisé et l'autre beaucoup plus déroutant, auraient dû contribuer à le soutenir et se sont contentés de servir d'amortisseur à son repli.Le premier est le nouveau bond des réserves de change de la Chine, qui se sont accrues de 141 milliards de dollars au troisième trimestre, pour atteindre un nouveau record, à 2.273 milliards de dollars. Un niveau pharaonique qui illustre non seulement les déséquilibres mondiaux que les grands de ce monde ont souhaité corriger lors de la réunion du G20 à Pittsburgh, mais aussi la détermination de Pékin de prévenir une appréciation du yuan face au dollar, depuis qu'il l'a à nouveau lié à la monnaie américaine en juillet 2008.L'autre événement vient du Golfe : le chef économiste de la deuxième banque saoudienne, la Samba Financial, prédit que la monnaie commune que quatre pétromonarchies entendent (idéalement) adopter en janvier 2010 serait, dans une première étape, arrimée au dollar, comme le sont actuellement les monnaies des États concernés, à l'exception du Koweït (Arabie Saoudite, Bahreïn et Qatar). Les Émirats arabes unis et Oman ont renoncé à participer à la phase initiale du projet. Pas plus tard que la semaine dernière, c'est la rumeur d'un projet de substitution d'un panier de monnaies au billet vert dans l'indexation des prix du pétrole qui avait déclenché le dernier tir de barrage en date contre le dollar.En dépit des craintes émanant des responsables européens ou des stratégies asiatiques pour protéger leurs monnaies d'une trop forte appréciation à coups d'interventions répétées, force est de constater que l'érosion du dollar est lente et ordonnée, sans volatilité excessive, le mot honni par les banquiers centraux. Depuis qu'il est sorti le 8 septembre de l'étroite fourchette de transactions dans laquelle il était enserré depuis juillet et qui n'affolait personne sur la planète, le billet vert n'a cédé qu'un peu plus de 2,5 % de sa valeur face à la monnaie unique des Seize. Son indice pondéré face aux devises des principaux partenaires commerciaux des États-Unis n'a perdu, lui, que 2 %, même si depuis mars dernier il a cédé une bonne partie des 20 % de gains engrangés depuis la mi-2008.pas de crise ouverteDans ces conditions, de nombreux économistes écartent le risque de crise ouverte du dollar, évoquant les forces de rappel qui ne manqueraient pas de jouer. C'est le cas de John Shin, stratège de Bank of America Merrill Lynch, qui estime que les prises de position récentes du G10 en faveur d'un dollar fort finiront par sonner la fin de la partie pour le camp des vendeurs. n
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