Les sociétés de gestion devront s'adapter face à Solvabilité II

Sur 106 assureurs européens interrogés par PricewaterhouseCooper, 30 % n'ont toujours pas lancé de programme Solvabilité II. Le sujet est pourtant de taille et préoccupe également les sociétés de gestion puisque deux tiers des encours des assureurs, mutuelles, institutions de prévoyance français sont gérés par des sociétés de gestion hexagonales.« L'objectif est de permettre une meilleure adaptation des fonds propres face aux risques de leur métier en ayant une vision transversale de tous les actifs détenus en portefeuilles », indique Thomas Van Cauwelaert, responsable commercial chez SimCorp. Pour cela, le Ceiops a défini un SCR (capital de solvabilité requis) et un MCR (capital minimum réglementaire) par classe d'actifs. « L'obligation de mettre en face chaque classe d'actifs un montant de fonds propres adéquat revient à neutraliser le rendement, la prise de risque », constate Arnaud Faller, directeur des investissements de CPR AM. Dès lors, les investisseurs auront très peu d'intérêt à aller sur des produits jugés trop consommateurs de fonds propres au regard des rendements délivrés sur moyenne période, ce qui est le cas, par exemple, des fonds monétaires dynamiques. Certains segments de marché pourraient ainsi être délaissés. Par ailleurs, ces exigences sont calées sur un risque de ruine à un an ce qui ne colle pas avec les politiques d'investissement de long terme des assureurs.Pour les actions « OCDE », le stress est de 39 % avec une marge de plus ou moins 10 % pour lisser l'effet procyclique. Sur les « actions autres » (non-coté, hedge funds...) il est de 49 % avec la même marge. Quant aux taux, le SCR dépend de la notation et de la duration. Ainsi, le SCR d'une obligation notée AAA consommera 10 % de capital contre 50 % pour du « high yield », soit plus que pour des actions. À ces stress de marché, le Ceiops a ajouté une matrice de corrélation entre les classes d'actifs. Un coefficient de corrélation de 0,75 % entre les actions « OCDE » et « autres » est retenu, ce qui réduit le potentiel de diversification dans des mouvements de marchés extrêmes. Les actifs les plus risqués seront donc pénalisés. Et les revenus des gérants aussi puisque ce sont les classes d'actifs les plus rémunératrices. Ces stress poussent à acheter des emprunts d'État et non des actions. Si c'est une bonne chose pour le financement de la dette publique, cela pose un vrai problème de financement de l'économie. « D'autant que le SCR sur les actions, même s'il est borné, est loin d'être stable, signale le gérant. Et il bouge beaucoup (voir graphique). Les assureurs doivent donc adapter leurs fonds propres ». Ce qu'ils font aussi en fonction de la date d'achat des titres. Ainsi, un investissement en action réalisé en 2003 a entraîné une hausse du SCR compensée par des plus-values. Ce qui n'est pas le cas s'il a eu lieu en 2008 (hausse du SCR mais moins-values latentes). Si les gros assureurs pourront faire appel au marché, ce ne sera pas le cas des petits acteurs.*LES ContraintesLe rôle des sociétés de gestion sera de les conseiller en proposant des produits qui optimisent le couple rendement/risque en tenant compte des contraintes de fonds propres à immobiliser. Par ailleurs, pour les supports déjà existants, connaître la composition ligne à ligne des portefeuilles deviendra indispensable pour déterminer le juste SCR. « Cela milite en faveur des fonds dédiés et des mandats de gestion », indique Arnaud Faller. Cela engendrera aussi un coût et ne sera pas chose aisée à mettre en place, notamment pour les fonds diversifiés ou comprenant des produits structurés. La qualité du reporting, l'information, seront donc des critères discriminants entre gérants.
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