Les atouts des banques françaises pour racheter Pioneer

Les banques françaises entrent dans la course pour le rachat de Pioneer et ses 185 milliards d'euros d'encours. La filiale de gestion d'actifs d'UniCredit suscite les convoitises de plusieurs grands acteurs comme Aberdeen, Allianz mais aussi BNP Paribas, Natixis et Amundi.Ils doivent remettre ce lundi leurs offres préliminaires qui comprendront une prise de contrôle de Pioneer, assortie d'un accord de distribution de ses produits dans les réseaux d'UniCredit en Italie, en Allemagne et en Europe de l'Est. Cette acquisition leur apporterait une taille critique indispensable dans ce métier où les économies d'échelles sont vérifiées, et étofferait leur présence à l'international.Selon plusieurs sources proches du dossier, Pioneer est valorisée à environ 3 milliards d'euros. UniCredit privilégiera les offres comprenant du cash dans la mesure où les candidats devraient proposer un paiement majoritairement en titres. Les trois banques françaises ouvriront le capital de leur filiale de gestion d'actifs à Pioneer.Dans ce contexte, Amundi, qui gère 710 milliards d'euros, affiche des atouts. Son modèle correspond exactement à celui d'UniCredit, à savoir un rapprochement de sociétés de gestion qui distribuent leurs produits dans des réseaux de banque de détail. Lors de sa création en 2009, ses actionnaires Crédit Agricolegricole (CA, 75 %) et Société Généralecute; Générale (SG, 25 %) déclaraient vouloir accueillir d'autres partenaires. Amundi a l'avantage d'avoir un modèle déjà opérationnel qui a fait ses preuves en réalisant 120 millions d'euros de synergies. L'autre atout de taille est que SG contrôle les activités de conservation de titres d'UniCredit en Italie. De son côté, le CA gère ces mêmes activités pour HypoVereinsbank, la banque d'UniCredit implantée en Allemagne et en Autriche. Ce point est clé puisque le métier de la conservation est inhérent à la gestion d'actifs. Pour autant, Amundi aura la dure tâche de proposer une gouvernance équilibrée à trois entre CA, SG et UniCredit. Une éventuelle opération devra convaincre la banque verte de réinvestir pour garder le contrôle et la SG de ne pas être trop diluée.Le cash de BNP ParibasEn face, l'autre poids lourd est BNP Paribas. Grâce au rachat de Fortis, la banque dispose de 450 milliards d'euros d'actifs sous gestion et vise 1.000 milliards d'ici 5 ans. Son avantage incontestable est sa capacité financière à payer en cash. Récemment, un dirigeant confiait aussi que BNP Paribas était « prête à ouvrir le capital de sa filiale de gestion d'actifs » pour Pioneer. La banque dirigée par Baudouin Prot est d'autant plus motivée qu'elle cherche à se renforcer aux Etats-Unis, là où Pioneer est présente. Pour autant, BNP Paribas a un handicap de taille. Avec son réseau italien BNL, elle s'affiche comme un concurrent ?certes de taille modeste- d'UniCredit en Italie. La présence du Crédit Agricolegricole dans la péninsule est moins gênante, son réseau Cariparma étant concentré dans le Nord.Enfin, Natixis fait (527 milliards d'euros d'encours), en théorie, office de challenger. Mais sa motivation est importante et ses atouts réels. Le premier est d'avoir une présence significative aux Etats-Unis lui permettant d'intégrer Pioneer avec ses autres boutiques comme Harris Associates et Loomis Sales. Natixis dispose d'atouts plutôt concurrentiels que propres. La banque n'est pas en phase de fusion de son activité de gestion d'actifs comme Amundi ou BNP Paribas avec Fortis. Elle n'est pas non plus présente en Italie. En revanche, elle a le gros handicap d'avoir une surface financière très limitée. Selon plusieurs sources, elle ne serait pas disposée à verser du cash à UniCredit.
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