Bruxelles innove pour soutenir les institutions de microcrédit

La réactivité n'est pas toujours le fort de l'Europe. Près de quinze ans après l'attribution du prix Nobel de la paix à Muhammad Yunus (1996), la Commission et la Banque européenne d'investissement (BEI) se sont décidées à affecter 100 millions d'euros chacune au développement du microcrédit. La crise et la montée du chômage en Europe expliquent largement cette prise de conscience tardive. Sur 23,2 millions de sociétés européennes, plus de 92 % emploient en effet moins de dix personnes et la demande potentielle de microcrédit dans l'UE serait d'au moins 6,3 milliards d'euros, découvrait ainsi la Commission européenne en novembre 2007, date de l'adoption de l' « initiative européenne pour un développement du microcredit en faveur de la croissance et de l'emploi ». Suite naturelle de cette initiative, le projet Jasmine (joint action to support microfinance institutions in Europe) a été lancé en 2008 par la Commission, la BEI et le Fonds européen d'investissement (FEI) pour aider les instutions de microfinance à se développer et à gagner en crédibilité. Au programme : des actions de formation ou de soutien opérationnel, mais aussi la mise en place d'un code de bonne conduite (sa publication est attendue pour mi 2011) et d'un label de qualité pour les IMF considérées comme fiables. L'outil Jasmine a été prévu pour fonctionner trois ans (de 2009 à 2011) mais une évaluation en est prévue en 2010, qui pourrait conduire à sa prolongation. Atteindre la masse critiqueDans un premier temps, quatorze fournisseurs de microcrédit provenant de sept Etats membres (Créa-Sol en France) ont été sélectionnés. Un deuxième appel à manifestation d'intérêt lancé le 11 octobre dernier devrait permettre de sélectionner entre 15 et 30 nouveaux bénéficiaires, espèrent les promoteurs du projet. En mars dernier, avec l'adoption de l'instrument européen de microfinancement « Progress » (EPMF ou European Progress Microfinance Facility), les autorités européennes ont décidé de passer à la vitesse supérieure. « Ce nouvel instrument nous apporte la masse critique essentielle à la crédibilité de l'ensemble du système », indique-t-on à du côté de la direction générale emploi et affaires sociales de Laszlo Andor.Opérationnel depuis juin, « Progress » devrait permettre d'accorder jusqu'à 500 millions d'euros (environ 46.000 prêts) de microcrédits d'ici à 2020. Comment ? D'un côté, 25 millions d'euros (sur les 100 millions apportés par l'UE) serviront à garantir les portefeuilles de crédit des IMF. Les deux premières opérations viennent d'être approuvées par le Commission. De l'autre, un fonds spécialisé (alimenté à hauteur de 75 millions d'euros par l'UE, de 100 millions par la BEI et de 50 millions par d'autres investisseurs) pourra prendre des participations dans les institutions de microcrédit ou leur accorder différents types de crédits. Les premiers investissements de ce fonds devraient être approuvés d'ici à la fin de l'année et l'EPMF fera l'objet d'un premier rapport annuel au parlement et au conseil en avril 2011. Si l'initiative est encore modeste, elle a au moins le mérite d'exister.
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