Les difficultés de l'Irlande, la Grèce et le Portugal mettent l'euro sous pression

L'Acte 2 de la tragédie grecque, déplacée en sol celte, a continué de tenir en haleine tous les financiers de la planète ce week-end. Avec notamment une salve de déclarations des responsables des pays de la zone euro en sérieuses difficultés. Le premier ministre grec Georges Papandréou a ainsi annoncé dimanche qu'il n'exluait pas « l'éventualité » d'un prolongement de la durée de remboursement du prêt de 110 milliards d'euros accordé en mai par l'UE-FMI. Le ministre portugais des affaires étrangères évoquait, de son côté, une possible sortie de son pays de l'Union monétaire européenne au cas où le Portugal ne parviendrait pas à se sortir de ses difficultés budgétaires. Discours, certes, très politique, mais qui ne devrait pas rassurer les plus pessimistes sur la situation actuelle du pays alors que certains journaux évoquent un possible plan de sauvetage calqué sur celui organisé pour la Grèce par l'UE et le FMI. De quoi raviver, parallèlement, les craintes des investisseurs qui spéculaient depuis plusieurs jours sur une restructuration de la dette hellène. D'autant que les difficultés budgétaires Irlandaises semblent également à leur comble. À la veille du week-end pourtant, la solidarité semblait vouloir l'emporter et une accalmie temporaire, mais bienvenue, a mis un terme à une semaine de folie. L'euro a été sauvé par le gong vendredi, celui de la rumeur d'une opération de sauvetage imminente de l'Irlande. Rumeur dûment démentie et par la Commission européenne et par le ministre irlandais des Finances, Brian Lenihan, lequel a notamment souligné vendredi que « l'Etat est entièrement financé jusqu'en juin prochain » De son côté, Dominique Strauss-Kahn, le patron du FMI a indiqué ne pas être en discussion avec l'Irlande à ce sujet. Cette rumeur était pourtant relayée par une offensive de Berlin, le fauteur de trouble de l'Acte 1 par son rigorisme, pour calmer les marchés. La monnaie unique n'en reste pas moins sous fortes pressions baissières, même si elles n'atteignent pas les sommets du printemps dernier, au plus fort de la crise grecque, lorsque les Cassandre évoquaient rien moins que l'éclatement de la zone euro et la mise à mort de sa monnaie. Rémission et non guérisonAu plus bas vendredi, l'euro a rechuté jusqu'à 1,3575 dollar, son plus bas niveau depuis six semaines, portant à plus de 5% sa dépréciation en une seule semaine. Son rebond ultérieur apparaît plus comme une rémission que comme une guérison. Car si dans une première phase, les investisseurs ont racheté sur le fait le dollar qu'ils avaient vendu sur la rumeur, selon le vieil adage boursier, c'est-à-dire avant la concrétisation du programme d'assouplissement quantitatif bis de la Fed, ils s'en prennent désormais frontalement à l'euro. Le rebondissement de la crise de la dette souveraine de la zone euro qui se joue sous nos yeux, l'acteur principal d'hier - la Grèce - ayant cédé sa place à l'Irlande et dans une moindre mesure au Portugal, a fragilisé la monnaie unique qui, en dépit de cette ombre portée, avait servi pendant deux mois de principale variable d'ajustement aux vendeurs de billets verts. Si l'euro reste encore très éloigné du plancher de juin dernier qui l'avait entraîné jusqu'à 1,1875 dollar, son histoire d'amour renouée fin août avec les marchés et qui ne tenait qu'à un fil, semble bien rompue. Facteur aggravant : on assiste depuis trois semaines à une tension inédite sur les rendements irlandais à dix ans qui évoluent à l'inverse des prix. Ils sont venus affleurer le record absolu de 9 % jeudi, alors qu'ils se négociaient à 6 % à la fin de la deuxième décade d'octobre, avant de se détendre, de manière tout aussi théâtrale sur la rumeur de vendredi, pour refluer à 8,20 %. Reste que l'écart avec l'emprunt de référence de la zone euro qu'est le bund allemand est béant, puisqu'au plus fort de la tempête jeudi, il s'est creusé à près de 660 points de base. Une aberration pour l'ex-Tigre celtique qui partage le même taux directeur que l'Allemagne, celui que la Banque centrale européenne a fixé à 1 % depuis mais 2009. Confrontée au pire dilemme de son histoire, la BCE risque une fois encore d'être contrainte de différer la mise en place progressive de sa stratégie de sortie de crise.
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