Deux grands noms à l'affiche cette semaine : Florian Henckel von Donnersmarck, le réalisateur de « la Vie des autres » qui revient aujourd'hui avec « The Tourist », contre Nicole Garcia et son « Balcon sur la mer ». Impossible de jouer les arbitres cependant. Le premier a refusé de montrer son film à la plupart des journaux français, ce qui est généralement mauvais signe.Le second est à la fois une intrigue policière, une intrigue amoureuse et une intrigue familiale. Il y a de tout dans le dernier film de Nicole Garcia, « Un balcon sur la mer ». La réalisatrice brode savamment ses intrigues, les imbrique dans une narration soignée et subtile. L'histoire est celle de Marc (Jean Dujardin, sobre et juste), agent immobilier aixois à la vie rangée et ordonnée. Lors d'une vente, il reconnaît Cathy (Marie-Josée Croze), son amour d'enfance, laissée à Oran au moment du rapatriement. Tout se joue entre le sud de la France des années 1980 et l'Algérie de 1962, en pleine guerre d'indépendance. La mémoire du héros lui joue des tours, la femme est envoûtante, dangereuse et mystérieuse.Le scénario, qui rappellera à certains « Vertigo » de Hitchcock, nous emmène dans les méandres des sentiments d'un rapatrié d'Algérie, sujet personnel pour la réalisatrice, qui cosigne également le scénario. Le propos n'est pas simple, pourtant le traitement employé évite les clichés. La vie à Oran pendant la guerre est vue à travers les yeux des enfants. Marc et Cathy, insouciants, rient et jouent alors que les attentats se multiplient autour d'eux. Le blocage mémoriel de Marc porte en lui toute la nostalgie de ce paradis enfantin perdu à jamais.Il y a certaines lenteurs, dues à l'atmosphère contemplative de quelques scènes, notamment une virée imprévue dans les calanques marseillaises. Mais les différentes temporalités du récit sont au final bien exploitées par la réalisatrice.Nicole Garcia s'est entourée, comme à son habitude, d'un beau casting. Marie-Josée Croze illumine l'écran, entre charme vénéneux et fragilité extrême. Jean Dujardin propose une belle prestation, à la hauteur des seconds rôles, incarnés entre autres par Michel Aumont et Sandrine Kiberlain. Dujardin acquiert de plus en plus de profondeur au fil des rôles qui lui sont confiés.On regrettera peut-être la facilité d'une fin moins subtile que le reste du film. Ce « Balcon » est une oeuvre sur l'exil et les sentiments enfouis, une enquête sur l'âme et l'équilibre fragile des sentiments.

latribune.fr

14 Déc 2010, 23:53

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