Fed,

Peu importe la décision prise par la Réserve fédérale ce mardi lors de son Comité de politique monétaire. Elle sera analysée, commentée et... critiquée. Depuis plusieurs semaines, la banque centrale américaine est en effet devenue la cible de violentes attaques, réalisant l'exploit de réunir contre elle les deux côtés de l'échiquier politique. De « l'extrême gauche », avec notamment le sénateur indépendant du Vermont, Bernard Sanders, qui s'insurge contre les centaines de milliards de dollars déployés pour mettre en place des mesures d'urgence au plein coeur de la crise financière. À la droite ultraconservatrice du Tea Party, avec une Sarah Palin qui s'émeut du recours massif à la planche à billets. Nommé par les républicains puis reconduit par les démocrates... Ben Bernanke n'a plus la cote. Et avec lui, c'est toute la Fed qui vacille. Selon un sondage réalisé début décembre par l'agence Bloomberg, 39 % des Américains sont désormais en faveur d'un contrôle accru de la politique monétaire par le Congrès. En clair, une remise en cause de la sacro-sainte indépendance de la Réserve fédérale. Et près d'un sondé sur six se prononce ni plus ni moins pour sa suppression ! Un mois plus tôt, ils étaient deux fois moins nombreux à réclamer sa tête.Cette idée s'invite même au sein du sous-comité de la politique monétaire de la Chambre des représentants, chargé de surveiller les activités de la Fed. Dès janvier, et la prise de pouvoir des républicains, il aura à sa tête Ron Paul. Un « libertarien » obtus, qui milite depuis des années pour le retour de l'étalon or. « Rien de bon ne peut provenir de la Réserve fédérale », écrivait-il l'an passé dans un livre intitulé « End of the Fed ». Invoquant Thomas Jefferson ou encore Friedrich Hayek, son maître à penser, il cherchait alors à démontrer l'incapacité et l'inefficacité des banques centrales, responsables selon lui de la crise financière en ayant manipulé les taux d'intérêt, et ainsi altéré le libre fonctionnement du marché. À la Chambre, il défend une proposition de loi devant déboucher sur un audit sans précédent des comptes de l'institution. Et il a déjà promis de multiplier les auditions de ses responsables au cours des prochains mois.Il n'y a pas que l'indépendance de la Fed qui est menacée. Plusieurs élus républicains souhaitent remettre en cause le double mandat qui lui est assigné depuis le Humphrey-Hawkins Act de 1978. En plus d'assurer la stabilité des prix, la politique monétaire doit promouvoir l'emploi. Cet objectif d'emploi, et donc de croissance, est réclamé à cor et à cri par de nombreux responsables politiques en Europe, qui aimeraient bien un petit coup de pouce de la Banque centrale européenne. Outre-Atlantique, il est désormais décrié. Le « Wall Street Journal » a récemment pris fait et cause pour l'abrogation de cette loi, afin de « libérer » la banque centrale. « Alan Greenspan avait compris cela, affirme le quotidien des affaires. En privé, Ben Bernanke y est également favorable. » En attendant, la Réserve fédérale et son président devront rester au chevet d'une économie américaine convalescente. Mais ils n'obtiendront, pour cela, aucun crédit auprès de l'opinion publique.Par Jérôme Marin, à New York
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