L'Asie hisse les profits du transport aérien vers des sommets historiques

Le continent asiatique n'est pas encore le premier marché de transport aérien de la planète. Mais il est déjà le plus rentable. La performance de ses compagnies, qui vont dégager en 2010 un bénéfice historique de 7,7 milliards de dollars, propulse les profits du secteur à des niveaux jamais atteints : 15,1 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour un chiffre d'affaires de 565 milliards (+ 17 %). Un résultat spectaculaire après deux années d'une descente aux enfers, qui s'est soldée par une perte cumulée de 26 milliards en 2008 et 2009. Même si la faiblesse des marges (2,7 %) rappelle la fragilité du secteur.« Plus de la moitié des bénéfices proviennent des compagnies d'Asie Pacifique », indique le président de l'Association internationale du transport aérien (Iata), Giovanni Bisignani, en soulignant le rôle moteur des compagnies chinoises. Les transporteurs profitent du dynamisme économique de la région (hors Japon), de l'émergence d'une classe moyenne ou encore de son urbanisation à marche forcée. Mais aussi de la faiblesse de ses coûts de main-d'oeuvre, qui leur fournit un sérieux avantage compétitif par rapport à leurs concurrents européens ou nord-américains. Pour l'Iata, dont les membres représentent 93 % du trafic mondial (les low-cost n'en font pas partie), la crise a accentué « le déplacement du centre de gravité de l'industrie vers l'Est ».Les plus grosses capitalisations boursières dans l'aérien se situent en Asie. Air China pèse 20 milliards de dollars en Bourse. Elle est suivie par Singapore Airlines (14 milliards), la compagnie de Hong Kong Cathay Pacific (12 milliards), China Southern (11 milliards, comme la sud-américaine Latam), tous devant Delta et Lufthansa (10 milliards chacun).En 2011, les bénéfices du secteur devraient être ramenés à 9,1 milliards de dollars (un bon millésime néanmoins). Ceci en raison de la hausse du prix du baril de pétrole (84 dollars en moyenne, contre 79 dollars en 2010), du ralentissement de la croissance mondiale. Les compagnies asiatiques ne seront pas épargnées par ce recul. Mais, avec un profit de 4,6 milliards, elles représenteront une fois encore la moitié des bénéfices du secteur. Le trafic passagers devrait augmenter de 6,9 % en Asie, un rythme supérieur à la moyenne mondiale (+ 5,2 %), mais inférieur à celui des capacités en sièges (+ 7,8 %). Cette surcapacité fait craindre une pression sur les prix. En outre, très dépendantes du cargo, les compagnies asiatiques pourraient être touchées par un ralentissement de la croissance du transport de marchandises.Fortes disparités régionalesEn dehors de la locomotive asiatique, les résultats 2010 du transport aérien traduisent de fortes disparités régionales. Après une décennie de pertes chroniques, les compagnies américaines réalisent une excellente performance (5,1 milliards en 2010, 3,2 milliards attendus en 2011) en dépit de la faiblesse de l'économie outre-Atlantique. Mais elles la doivent à une bonne gestion de leurs capacités. Malgré une belle reprise au dernier trimestre 2010, les compagnies européennes sont loin derrière avec des bénéfices de 400 millions (quatre fois moins qu'en 2011). Outre la concurrence des low-cost plus féroce qu'ailleurs dans le monde, le poids des charges, des taxes en tous genres accentue la différence de coûts avec les compagnies des autres continents.
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