Par Sandrine Bajos« PagesJaunes détient vraisemblablement une position dominante sur le marché des annuaires en ligne. » Le rapport de l'Autorité de la concurrence est une douche froide pour le numéro deux français de la publicité en ligne derrière Google. Car autant le carton rouge infligé au moteur de recherche américain était attendu, autant celui à l'encontre de PagesJaunes a pris de court l'ancienne filiale de France Télécome;lécom. Elle se refusait d'ailleurs mardi à tout commentaire.Pour les sages de la rue de l'Échelle, la part de marché « très importante en valeur mais aussi en volume » de la marque, ainsi que sa notoriété, « constituent des barrières » difficiles voir infranchissables pour des entreprises qui souhaiteraient se lancer sur ce marché. D'ailleurs, aucun des « 118 » qui a tenté sa chance en ligne n'a réussi à s'imposer et ce n'est pas faute d'avoir investi en campagnes publicitaires. Selon l'Autorité de la concurrence, PagesJaunes est confortablement en situation de « quasi-monopole ».Tout est question de marque. La notoriété de celle de PagesJaunes est telle, qu'elle « tend à devenir un nom générique pour désigner les annuaires professionnels », estiment les sages. Avec peut-être quelques années de retard... Car même en version annuaire papier, le nom PagesJaunes semble incontournable dans les foyers français au même titre que le bon vieux Frigidaire. Pourtant la nouvelle politique commerciale de Google sur le système Adwords, qui permet désormais aux concurrents de PagesJaunes d'acheter le mot-clé « pages jaunes » et de renvoyer sur leurs propres services, aurait pu changer la donne. Mais auditionnés par les sages, les dirigeants de PagesJaunes ont indiqué qu'une telle pratique relevant du « parasitisme », ils ne se laisseraient pas faire si un concurrent s'aventurait sur ce terrain.Autre élément susceptible de mettre des bâtons dans les roues de sociétés d'annuaires en ligne voulant faire de l'ombre au leader du marché, « l'avance dans la mise à jour et la correction des bases de données » de PagesJaunes, pointe l'avis. Toujours en raison de sa notoriété, quiconque veut informer d'une erreur aura comme premier réflexe d'appeler d'abord PagesJaunes.Malgré cet inventaire à la Prévert de récriminations, les sages de la rue de l'Échelle sont plutôt indulgents dans leurs conclusions à l'encontre de PagesJaunes. Car selon eux, l'existence d'une position dominante paraît en effet « contestable du moins à moyen terme ». En témoigne l'entrée de Google sur ce marché avec, pour l'instant, des produits gratuits qui pourraient bien finir par faire de l'ombre à la société française.

latribune.fr

14 Déc 2010, 23:49

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