« Il faudrait une croissance de 7 % en 2011 pour effacer les effets de la crise »

STRONG>Mathilde Lemoine, directeur des études économiques, HSBC FrancePourquoi la croissance française est-elle autant à la traîne de celle de l'Allemagne ?Il y a effectivement 2 points d'écart dans les rythmes de croissance des deux pays en 2010. Pourtant, le niveau de notre reprise est comparable à celui d'outre-Rhin. En effet, le PIB allemand est encore 1,4 % inférieur à son pic d'avant-crise, tandis qu'en France, cet écart est de 1,6 %, ce qui est à peu près équivalent. En fait, les cycles de l'économie française sont moins marqués, mais cela ne signifie pas que nous sommes moins performants.Et d'où vient cette différence ?Nos amortisseurs sociaux jouent plus qu'en Allemagne et donc lissent davantage les cycles d'activité économique. Quand le PIB allemand a reculé en 2009 de 4,7 %, celui de la France n'a chuté que de 2,5 %. Grâce au jeu des prestations sociales, le revenu disponible réel des ménages français s'est maintenu, et la France est l'un des seuls pays de l'OCDE dont la consommation n'a pas reculé pendant la crise, mais continué à croître. En revanche, quand l'économie redémarre, impôts et prélèvements obligatoires augmentent plus vite en France qu'ailleurs et freinent la reprise : c'est la contrepartie de cette moindre récession.On peut quand même parler d'une reprise en demi-teinte...Oui, l'économie française est en phase de reprise molle et pas encore de rattrapage. On est loin d'avoir corrigé les effets de la crise. Quand on regarde les chocs économiques depuis la Seconde Guerre mondiale, on s'aperçoit que le délai moyen pour retrouver les tendances d'activité d'avant-crise oscille entre cinq et sept ans. Pour retrouver l'activité économique que nous aurions dû observer s'il n'y avait pas eu la crise, il faudrait que la croissance du PIB atteigne 7 % en 2011 ! On voit bien que la phase de rattrapage actuelle est encore loin d'être achevée. Il y a toutefois une différence avec les crises précédentes, qui vient de la politique monétaire actuelle. Celle-ci, ultra-expansionniste, peut servir de soutien à la demande en 2011. Propos recueillis par Éric Chol
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