Une nouvelle technique d'imagerie moins irradiante et plus précise

Il aura fallu une dizaine d'années à Georges Charpak, prix Nobel de physique 1992, pour que ses travaux pionniers dans la détection des particules appliqués à la radiographie médicale se concrétisent dans un appareil d'imagerie utilisable par les praticiens. Commercialisé par la société Biospace Med, le système EOS permet une radiographie du corps entier avec une très faible dose d'émission de rayon X. « L'irradiation est 10 fois inférieure à celle d'une radio conventionnelle et 1.000 fois moindre que celle d'un scanner », souligne Marie Meynadier, présidente de Biospace Med. Un avantage certain pour des patients atteints de maladies osseuses ou articulaires nécessitant des examens radiologiques réguliers. « C'est intéressant pour des enfants souffrant d'une scoliose (déformation de la colonne vertébrale) : réduire l'irradiation diminue les risques de développement de cellules cancéreuses à l'âge adulte », explique Nathalie Boutry, radiologue spécialisée en pédiatrie au CHU de Lille. Elle cite une étude américaine montrant que les femmes souffrant d'une scoliose depuis l'enfance ont multiplié par 69 leur risque de développer un cancer du sein. Les radiologues mettent aussi en avant la rapidité de l'examen (quelques minutes) ce qui offre un confort appréciable pour le patient. Pour les chirurgiens, les avantages d'EOS sont nombreux. La machine effectue simultanément un cliché de face et un cliché de profil. Ces deux images assemblées par un logiciel développé par les chercheurs de Biospace Med permettent de générer une image en trois dimensions d'une grande précision. « Cet appareil est le chaînon manquant entre la radio classique ? qui capture le patient en position debout mais en 2D - et le scanner ? qui permet de réaliser une image en 3D mais avec un patient allongé », explique Eric Stindel, chirurgien orthopédiste au CHU de Brest. « S'il y a une faiblesse articulaire, non seulement on la voit, mais on analyse aussi les conséquences de cette anomalie sur l'équilibre général du squelette », poursuit le chirurgien qui réussit - grâce à cette technologie - à positionner très précisément des prothèses de hanches.des Hôpitaux déjà équipésComme souvent lorsqu'un équipement très innovant fait son apparition dans un centre hospitalier, les chercheurs et les médecins doivent le partager, la priorité étant donné aux services de soins. L'équipement en propre des laboratoires de recherche en France ne devrait pas pâtir du coût élevé du système d'imagerie EOS (600.000 euros), estime Jean-Pierre Pruvo, secrétaire général de la Société française de radiologie. Il assure que l'ANR (Agence nationale de la recherche) est bien disposée pour étudier les demandes de financement des laboratoires. Une vingtaine d'hôpitaux sont déjà équipés d'EOS. La multiplication des examens a confirmé la validité des essais cliniques menés depuis 2002. En France, il est implanté dans neuf sites, dont les derniers en date sont les CHU de Brest et de Lille. Les autorités sanitaires américaines ont aussi autorisé la commercialisation du système EOS.
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