Retour prudent en France pour les jeunes chercheurs

« Je ne veux plus entendre que l'herbe est plus verte ailleurs. » En réunissant lundi les 25 premiers lauréats du programme « Retour post-doc » de l'Agence nationale de la recherche (ANR), la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche souhaitait s'assurer que les jeunes docteurs partis effectuer leur post-doctorat à l'étranger, souvent aux Etats-Unis, trouvent désormais que « la France est un pays accueillant ». Car c'est pour lutter contre cette fameuse « fuite des cerveaux » que le programme « retour post-doc », doté de 11,5 millions d'euros (les aides individuelles, qui peuvent atteindre 700.000 euros sur trois ans, permettent aux lauréats de développer en France leur propre projet) a été lancé en 2009. Preuve de son succès, selon Valérie Pécresse, cinq lauréats ont déjà obtenu un poste permanent et les candidatures pour la promotion 2010 (connue mi-juillet), sont passées de 97 à 139.Mais en grande majorité, ces candidats étaient déjà... candidats au retour. Ainsi Emmanuelle Volle, accueillie à l'Inserm de retour du Royaume-Uni, souhaitait « revenir, de toutes façons ». Ou Grégory Verdeil, qui a quitté San Diego (Etats-Unis) pour le CNRS pour raisons familiales. La plupart ont trouvé dans la bourse de l'ANR une « carotte » facilitant un retour programmé. « Ceux qui souhaitent rester aux Etats-Unis y restent, car les conditions y demeurent meilleures que ce soit dans le public ou dans le priv頻, assène ainsi David Patsouris, qui a abandonné San Diego pour l'Inserm.« un premier élan »Car aucun ne se fait d'illusion. L'ANR conçoit son programme comme « un premier élan, devant favoriser la nidification ». Mais après ? Outre « un système basé sur la compétition », regrette Luca de Medeci, qui a quitté les Etats-Unis pour le CNRS, les jeunes thésards craignent finalement de perdre trois ou cinq ans, puisque, à l'issue de leur projet, ceux qui n'auront pas obtenu d'emploi stable devront, comme les autres, passer les concours des organismes. Plus optimiste, Valérie Pécresse table sur l'attrait de son « plan carrière » (taux de promotion et primes revues à la hausse, revalorisations des débuts de carrière) et sur la possibilité qu'ont désormais les organismes et les universités autonomes de recruter directement des CDI pour faire taire les plus inquiets. Les nouvelles perspectives qu'ouvrent les prochains appels d'offres du grand emprunt sont aussi selon elle un atout. Clarisse Jay
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