Chine : un pollueur décidé à être le leader des technos vertes

Après le temps des grandes promesses écologiques vient celui des représailles et des correctifs en Chine. En mai, le ministère de l'Écologie a tapé du poing sur la table en punissant sévèrement treize entreprises et gouvernements locaux qui n'avaient pas rempli leurs objectifs de réduction de gaz à effet de serre. Dazhou Steel Group, dans la province du Sichuan, a ainsi vu ses activités stoppées. Après une série de scandales, Pékin a révisé sa loi sur les énergies renouvelables en décembre?2009. Beaucoup de provinces avaient investi massivement dans des éoliennes pour profiter des aides de la Chine mais sans les raccorder au réseau électrique. Le 20?juillet, un officiel a annoncé que le prochain plan quinquennal impliquerait un investissement direct de 5.000 milliards de yuans (573?milliards d'euros) pour le développement des énergies renouvelables, du charbon propre, d'un réseau électrique rationnel et de la voiture verte.«?Pékin fait preuve d'une volonté forte de développer une économie verte. Par exemple, de 2006 à 2009, le gouvernement a fermé 10.000 centrales très polluantes, sans hésiter à prendre de gros risques sociaux. Mais certains gouvernements locaux, notamment dans l'ouest, moins développé, sont plus intéressés par des objectifs de croissance?», détaille Zou Ji, responsable Chine du World Resources Institute (WRI). Cet expert fait partie du groupe de travail qui fixe en ce moment les objectifs pour chacune des provinces chinoises.ProtectionnismeSi la Chine reste le premier pollueur au monde, le salut écologique viendra peut-être des greentechs. Pékin investit en effet massivement dans les énergies propres, 235?milliards de yuans en 2009 (27?milliards d'euros), soit une augmentation de 50?% par rapport à l'année précédente, bien plus que n'importe quel pays développé.Cet important apport d'argent public a un revers, le protectionnisme. Particulièrement dans l'éolien. La chambre de commerce européenne en Chine estime ainsi que la part des entreprises étrangères dans les turbines éoliennes a plongé de 70?% en 2005 à 12?% l'année dernière. Les entreprises européennes se plaignent que les autorités favorisent les compagnies locales en fondant leur politique d'achat publique sur le prix d'achat et non pas sur le coût de fonctionnement, ce qui rendrait les équipements étrangers plus compétitifs. «?Nous profitons aussi des mesures favorables des gouvernements américains et européens?», relativise Peng Xiaofeng, PDG de LDK Solar. Ce milliardaire vert militant (voir encadré) est persuadé que, d'ici à quinze ans, le photovoltaïque sera la première source d'énergie au monde.Autre point de friction, les «?terres rares?», cent dix-sept métaux introuvables purs, difficiles à raffiner et nécessaires à de nombreuses industries environnementales. Le pays, qui dispose d'un quasi-monopole sur ces matières premières, prévoit de cesser l'exportation de certaines d'entre elles à l'horizon 2014, à la grande inquiétude de l'Union européenne notamment.
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