Les Allemands veulent récolter le fruit de leurs efforts passés

Pendant près d'une décennnie, les salaires réels n'ont quasiment pas progressé outre-Rhin. Cela a permis à l'économie allemande de gagner en compétitivité, au grand dam de ses partenaires, à l'instar de la France, évoquant même une situation de dumping salarial. De plus, pendant la crise, gouvernement et partenaires sociaux ont privilégié la sécurité de l'emploi plutôt que les hausses de salaires. Mais avec l'embellie de la croissance en Allemagne, attendue à 3,5 % cette année, ces mêmes acteurs ont décidé de mettre fin à la modération salariale. « La meilleure situation des entreprises doit naturellement se refléter chez les salariés », a ainsi exhorté la chancelière Angela Merkel dès cet été. Signe non équivoque de ce tournant de la politique allemande, même le ministre de l'Économie, le libéral Rainer Brüderle, pourtant peu favorable aux syndicats, y est allé de son couplet sur la juste et nécessaire revalorisation des salaires. Le puissant syndicat IG Metall, qui avait renoncé l'an dernier - pour sauver l'emploi - à réclamer des hausses de salaires, a déjà décroché leur augmentation de 3,6 % dans la métallurgie sur quatorze mois. Outre-Rhin, on mise aussi sur ces hausses salariales pour soutenir la consommation et donc rééquilibrer la croissance, généralement seulement tirée par les exportations. En France, on n'en est pas là. La question qui taraude nos dirigeants est plutôt de trouver des réponses au différentiel de coût du travail dans l'industrie entre les deux pays, lequel atteint 10 %, en défaveur de la France. Pas question de se satisfaire du fait qu'en 2009, l'évolution des salaires de base a été plus dynamique en Allemagne (+ 2,7 %) qu'en France (+ 2,2 %). Cette situation, qui ne devrait pas se répéter, s'expliquerait par l'existence outre-Rhin de conventions pluriannuelles indiciaires négociées avant la crise, qui ont réduit l'impact de celle-ci sur les salaires. Anne Eveno et Frank Paul Webe
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.