Les ouvriers chinois engrangent les augmentations, les diplômés attendent

Imogène a de la chance. Elle vient tout juste de recevoir la confirmation de son embauche pour juin l'année prochaine. Cette jeune diplômée d'une école de communication sera journaliste dans un hebdomadaire économique pour 5.000 yuans (environ 560 euros) par mois. Un « très bon salaire ». Cela faisait six mois qu'elle cherchait activement. La majorité de ses collègues n'ont pas sa chance. Beaucoup sont encore à la recherche de travail et seront sans doute embauchés pour 3.000 yuans (336 euros CA), plus proche du prix du marché. Alors que les salaires des jeunes diplômés stagnent depuis trois ans, ceux des ouvriers - surtout qualifiés - progressent très rapidement : la hausse a pu atteindre 20 % cette année. Le salaire minimum a, lui, été élevé de plus de 15 % en 2010.« L'année dernière, nous avons augmenté les salaires entre 5 % et 8 %, la plus forte hausse concernant les salaires les plus bas dans nos usines en province, avoue un DRH d'une grande entreprise française en Chine. C'est vrai que la population est si nombreuse dans les grandes villes qu'on y a moins de pression salariale. » Entre 2003 et 2009, les salaires des ouvriers ont augmenté de 80 % alors que ceux des diplômés ont presque stagné.830.000 diplômés par anLes raisons de ces écarts sont surtout démographiques : la Chine produit près de 830.000 diplômés par an qui viennent tous tenter leur chance dans les grandes villes. Beaucoup se retrouvent à gagner à peine plus qu'un ouvrier qualifié.Bassins de main-d'oeuvreLes problématiques pour les ouvriers sont tout autres. Les campagnes se vident de leur force de travail peu chère depuis vingt ans. Le réservoir de main-d'oeuvre disponible à migrer des campagnes vers les villes est tombé à 15 millions. Beaucoup ne souhaitent pas connaître les mêmes conditions de travail que leurs parents et exigent des meilleures conditions de vie. S'ajoutent à cela les changements structurels en oeuvre dans l'industrie qui évolue vers des produits à forte valeur ajoutée pour le marché intérieur, ainsi qu'une pression inflationniste d'au moins 4 % cette année. 2011 devrait voir une augmentation tout aussi importante des salaires, voire plus importante, et devant se répercuter progressivement sur les salaires des plus diplômés. « On estime que la hausse sera de 3 points de plus en 2011 qu'en 2010, analyse le DRH. Le marché repart, les ventes aussi. Les diplômés devraient en bénéficier. » Virginie Mangin, à Pék
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