Malgré de supposées bonnes perspectives, l'uranium stagne

La discrète Agence de l'énergie nucléaire, (NEA), une instance de l'OCDE chargée des applications nucléaires civiles, a publié mardi, en collaboration avec l'Agence internationale de l'Energie un guide du nucléaire d'ici à 2050. Selon les modèles de l'AIE, l'énergie nucléaire, qui fournit un peu moins de 15 % de l'électricité mondiale, devrait progresser à 38 % du total si l'on veut limiter la progression des températures à +2 % d'ici 2050. Les réacteurs disponibles aujourd'hui offrent une capacité de 370 gigawatts. Dans un scénario qui serait très optimiste pour l'énergie issue de l'atome, mais aussi le climat, la NEA et l'AIE tablent sur une capacité de 1.200 gigawatts en 2050 ! Une hypothèse qui peut sembler peu réaliste. Les 55 centrales actuellement en projet dans le monde, dont une trentaine sont situées en Chine, au Japon et en Corée du Sud, devraient péniblement ajouter 50 gigawatts de capacité dans les années à venir. Risque de tensionMême si les projections de la NEA ne sont pas atteintes, la théorie voudrait que la demande d'uranium progresse en raison des nouvelles centrales. Or il n'en est rien. En pratique, le nombre de centrales en activité n'augmente pas. Les mises en chantier ont légèrement repris ces dernières années, mais leur nombre reste anecdotique, et la construction d'un réacteur nucléaire peut prendre entre sept à dix ans. Quant au parc en activité, il connaît un taux d'utilisation limité à 78 % en 2009, contre 84 % en 2002. Si bien que la consommation effective d'uranium est actuellement faible. En plus d'une production annuelle de 43.853 tonnes, le marché de l'uranium fait face à la mise sur le marché régulière de combustible issu du programme russe « mégatonnes pour mégawatts », qui se termine en 2013. Ce programme de désarmement, qui a fortement pesé sur le niveau de prix de court terme, menace également l'approvisionnement de long terme : en son absence, l'offre d'uranium risque de se tendre.Les prix actuels, soit une livre d'uranium à 41 dollars, contre 50 il y a un an et 100 dollars en 2007 selon l'indice Ucx, n'incitent pas au financement de nouvelles mines. Le Kazakhstan, devenu l'année dernière premier producteur d'uranium devant le Canada, pourrait notamment ralentir ses investissements: selon les calculs de la banque RBC, une expansion de capacités serait rentable à partir d'un prix de 60 dollars par livre. Le pays risque donc de réduire sa production, plutôt que de l'étendre.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.