L'Italie s'interroge sur un gouvernement "Monti Bis"

L’Italie parle de plus en plus de l’hypothèse d’un gouvernement « Monti Bis » après les élections générales prévues pour le mois d’avril prochain. C’est le patronat transalpin qui a ouvert le débat le week-end dernier. Le président de la banque Intesa Sanpaolo Enrico Cucchiani qui, le 7 septembre a indiqué qu’un « nouveau gouvernement Monti était fondamental » et que « les solutions alternatives pourraient nuire au pays ». Un soutien appuyé par un sondage publié par le quotidien économique Il Sole 24 Ore qui révélait que 81 % des chefs d’entreprises italiens se disaient favorables à la reconduction de l’actuel président du conseil.Monti prudentMario Monti n’est pas seulement le favori des marchés et des patrons, c’est aussi actuellement l’homme politique le plus populaire de la Péninsule avec 55 % d’opinions favorables. Sa politique d’austérité à la hache qui a plongé le pays dans une récession profonde (quatre trimestres consécutifs de recul du PIB à 0,7 % ou 0,8 %) n’est perçue par la majorité des Italiens que comme un « mal nécessaire ».Pour le moment, le président du conseil ne sort pas du bois. Il l’a redit devant le Forum Ambrosetti qui a réuni les chefs d’entreprises italiens. « Le cabinet technocratique n’est pas un épisode définitif, mais transitoire et limitée dans le temps », a-t-il martelé. Mais le refus d’un nouveau cabinet technocratique après les élections ne signifie pas le refus de toute ambition et Mario Monti se refuse pour le moment à dire clairement s’il est candidat à sa propre succession. En réalité, il a tout intérêt, à sept mois du scrutin, à conserver l’image d’un chef de gouvernement travailleur, plongé dans ses dossiers et dans le redressement du pays.Situation politique difficile La situation politique du pays semble en effet difficile. Les derniers sondages donnent une très courte avance au Parti démocratique (Pd), formation de centre-gauche) devant le Peuple de la liberté (Pdl), de centre-droit. En arrière-plan, le « Mouvement cinq étoiles » du comique Beppe Grillo, opposé à la politique de Mario Monti, joue les trouble-fêtes. Ce vendredi, dans le quotidien Il Fatto Quotidiano, l’ancien juge vedette de l’opération « Mani Pulite » du début des années 1990, Antonio Di Pietro, leader de la petite formation « L’Italie des Valeurs » (Idv), a proposé une alliance à Beppe Grillo. Sur son site Internet, Antonio di Pietro s\'interroge : \"avec qui Monti fera le bis ?\".  Si cette alliance  Idv-Grillo voit le jour, cette formation anti-Monti pourrait se hisser à égalité avec les deux grandes formations. Il en résulterait un blocage politique qui ne pourrait se régler que par une nouvelle grande alliance autour d’un homme neutre. Mario Monti, bien évidemment. Ce dernier a donc tout intérêt à lisser son image pendant que la situation politique se dégrade.Matteo Renzi, un « Monti politique ? »En attendant, les grands partis s’étranglent à l’idée d’un « Monti Bis ». Au Parti démocratique, notamment, on entend clairement assumer le pouvoir après avril. « Le Pd revendique aujourd’hui le droit d’imposer son agenda lors de la prochaine législature », affirme ainsi le député démocrate Sergio D’Antoni dans une tribune intitulé « la fausse polémique du Monti Bis » dans le journal du parti l’Unità.Jeudi à Vérone, le maire de Florence, Matteo Renzi s’est clairement posé en alternative à « Monti Bis ». Dans un grand discours, il a annoncé sa candidature à la primaire démocrate. Il a clairement fait de Mario Monti son modèle. « Si nous gagnons, nous continuerons à faire les réformes sans attendre, nous ne les repousserons pas », a-t-il affirmé. Du reste, Matteo Renzi ne cesse de faire des clins d’œil à l’électorat de centre-droit, déboussolé par l’attitude équivoque de Silvio Berlusconi. Ce qu’il reproche à l’actuel premier ministre ? « Il n’a pas réussi à offrir une espérance. Peut-être n’était-ce pas son objectif. » Lui veut au contraire réconcilier le peuple avec la politique tout en conservant le sérieux budgétaire. Il compte pour séduire l’électorat sur un style « à l’américaine », qui lui permet déjà d’être le deuxième homme le plus populaire d’Italie… derrière Mario Monti.  
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