Les vendeurs de dollars se mobilisent

La dérive du dollar s'accélère. Hier, pour la première fois depuis un an, le billet vert a refranchi le cap de 1,47 pour   1 euro, dérivant jusqu'à 1,4715. Son indice pondéré, qui retrace son évolution face aux monnaies des principaux partenaires commerciaux des États-Unis, est lui aussi tombé à son plus bas niveau depuis septembre 2008, à 76,187.Ce que l'on suspectait se confirme de jour en jour : le dollar, bien que monnaie mondiale, aurait été ravalé au rang peu enviable de véhicule de financement des stratégies de portage. Il servirait à alimenter le « carry trade », qui consiste pour les spéculateurs à emprunter une monnaie à faible rendement pour en investir le produit sur des actifs plus rémunérateurs. Jusqu'au déclenchement de la crise des subprimes à la mi-2007, ces stratégies faisaient florès dans un contexte de faible aversion au risque et de forts écarts de taux entre les grandes monnaies mondiales. La faillite retentissante de Lehman Brothers, il y a tout juste un an, a contraint les adeptes de ces pratiques risquées qui subsistaient à déboucler en catastrophe leurs positions, mais l'embellie économique et financière récente a commencé à leur donner un nouvel élan. Jusqu'à une époque récente les deux vecteurs consacrés de ces pratiques étaient les monnaies traditionnellement les plus faiblement rémunérées du monde, le yen et le franc suisse. Mais aujourd'hui toutes deux s'apprécient vis-à-vis du billet vert, la monnaie helvétique se retrouvant elle aussi à son meilleur niveau depuis un an et le yen depuis sept mois, notamment après la première intervention officielle du nouveau ministre des Finances nippon, Hirohiso Fujii, qui s'est déclaré opposé par principe aux interventions sur le marché des changes. C'est la conséquence d'un événement exceptionnel : depuis le 24 août pour le yen et la semaine dernière pour le franc suisse, les rendements à court terme sur le marché interbancaire servis sur ces deux monnaies sont devenus plus attractifs que ceux offerts sur le dollar. Car, plus que les taux directeurs des banques centrales, voisins de zéro pour la Fed, la Banque du Japon et la Banque nationale suisse, c'est le taux offert sur le marché interbancaire de Londres, le Libor, qui est le plus déterminant sur la rentabilité des stratégies de portage. Hier le Libor en dollars est tombé pour la première fois de l'histoire en dessous de 0,30 %, à 0,2918 %. Celui en yens s'élevait à 0,3518 % et le Libor en francs suisses à 0,3033 %.Le nouveau statut du dollar explique aussi l'attrait de l'or qui ne rapporte rien, mais dont la corrélation inverse avec le billet vert s'est récemment renforcée. Le métal jaune fait ainsi office de valeur refuge de substitution. Il est monté hier jusqu'à 1023,30 sur le Comex, s'approchant de son record absolu de 1.038,80 atteint en mars 2008. n
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