Non, les conditions de Booking.com pour les hôteliers ne sont pas abusives !

A la veille de l\'annonce d\'ajout d\'amendements au projet de loi sur la consommation qui auront pour objet de rebattre les cartes du marché de l\'hôtellerie en ligne, en s\'attaquant plus particulièrement à la position et au rôle des centrales de réservations comme Booking.com ou Expedia, il nous a semblé justifié, en tant qu\'acteur spécialisé de ce marché, de prendre le temps d\'apporter un éclairage sur les évènements de ces derniers mois.>> Lire aussi : Booking.com et consorts ne sont plus les bienvenus chez les hôteliersLe député PS de Seine-Saint-Denis, Monsieur Razzy Hammadi, veut déposer le 16 septembre prochain, des amendements visant à « mettre un terme à certaines pratiques qui ficèlent les tarifs des hôteliers et des restaurateurs », article du monde en date du 10 septembre.Abus de position dominante ou parité tarifaire ?En jeu : la parité tarifaire, c\'est-à-dire l\'obligation contractuelle d\'un hôtel à proposer le même prix sur son site internet et sur les centrales de réservations en ligne comme Booking.com ou Splendia, qui distribuent elles-aussi son inventaire de chambre. Et ceci en réaction à une plainte déposée devant l\'Autorité de la concurrence par l\'UMIH, le principal syndicat des hôteliers indépendants, selon laquelle Expedia, Booking et HRS abuseraient de leur position dominante sur le marché de la réservation en ligne de nuits d\'hôtel.Pour comprendre ce débat, il faut revenir à l\'un des fondements du principe de distribution. La parité tarifaire dont il est question n\'est rien d\'autre qu\'une pratique saine à l\'oeuvre dans tout type de commerce depuis des millénaires. Et, dans l\'hôtellerie comme ailleurs, elle est le gage d\'une transparence et d\'une honnêteté de la part de tous les acteurs.Prix cohérents garantisD\'une part parce que le consommateur est ainsi assuré de payer le juste prix quel que soit lecanal de vente. D\'autre part, car grâce à cela, l\'hôtelier est garanti d\'avoir une cohérence de prix dans tous ses canaux de distribution. Cela évite une guerre des prix néfaste pour l\'ensemble dumarché. A titre de comparaison, peut?on imaginer que la marque Apple vende ses produits moins chers dans ses Apple store que chez les revendeurs de ces mêmes produits - FNAC, Darty…?Non, évidemment non, et si tel était le cas, Apple non seulement diminuerait ses ventes mais, mettant à mal l\'écosystème de distribution de ses produits, causerait un tort irréparable à l\'équilibre économique de ce qu\'on peut décrire comme ses concurrents/partenaires. Pour revenir à l\'hôtellerie, le travail et l\'investissement des centrales de réservations en ligne sont payants pour tout le monde : l\'intermédiaire réalise un travail d\'acquisition pour l\'hôtel qui rempli ainsi ses chambres. Si l\'hôtel peut vendre moins cher par lui-même, alors ces mêmes intermédiaires ne risquent pas de disparaître, mais in fine d\'exclure les établissements qui, malgré la loi, ne joueraient pas le jeu de la parité. Et ce serait les hôtels qui en pâtiraient. Il ne s\'agit donc pas d\'un déséquilibre, mais d\'une question de bon sens.Les prix ne sont pas le problèmeCe qui fait la différence, pour Apple comme pour les centrales de réservations, c\'est la qualité du service, l\'expérience du client fait de transparence et de simplicité, la diversité de l\'offre et la réactivité du revendeur. C\'est, pour ce qui nous concerne, notre principale mission et la raison pour laquelle nos clients nous restent fidèles.Certes, la position dominante de Booking, Expedia ou HRS pose question, et au même titre que la firme à la pomme, ils imposent un mode de fonctionnement qui peut s\'avérer problématique pour l\'ensemble des acteurs du marché - hôteliers, agences de voyage, autres centrales de réservations... Mais ce n\'est pas le prix, sinon les conditions annexes (obligation contractuelle d\'attribuer la dernière chambre disponible à Booking.com, impossibilité d\'accéder aux coordonnées du client avant le jour d\'arrivée à l\'hôtel) qui nous semble être le vrai problème. Posons ces questions, elles sont, bien au-delà du prix, un point empêchant une saine et constructive concurrence.Les centrales font vivre les hôteliersIl faut par ailleurs ajouter que, dans une certaine mesure, l\'hôtelier est libre de décider de sa présence sur ces sites. Il peut aussi négocier le montant des commissions perçues par ces centrales. Mais s\'il ne peut remplir son établissement par lui-même, ce n\'est pas la faute descentrales qui, au contraire, le font vivre. Car il lui faudrait apprendre à maîtriser des outils complexes, principalement ceux utilisés dans le monde du e-commerce afin de drainer un maximum de trafic rentable sur un site. Et cela ne se fait pas sans des investissements massifs. Ou alors, à l\'image des hôtels du groupe Costes, sa notoriété lui permet de se passer de revendeur, mais cette chance n\'est pas donnée à tout le monde.Le prix est un facteur clé, certes, mais pour être juste il faut que chaque acteur de ce marché fasse son travail avec honnêteté et bon sens. Il s\'agit avant tout d\'apporter la meilleure expérience à nos clients, que nous soyons hôtels ou centrale de réservations. Ce sont eux qui nous jugeront, et leur avis comptera toujours plus que celui d\'un législateur éloigné de la réalité quotidienne des acteurs économiques qu\'il semble vouloir encadrer avec toujours plus de contraintes. Au risque d\'empêcher l\'essor de champions nationaux dans des marchés définitivement mondialisés.
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