Productivité « très inégale » à l'hôpital

Secoué l'hiver dernier par une série d'accidents de prise en charge, l'hôpital a fait l'objet d'un débat passionné : manque-t-il de moyens ou souffre-t-il d'un problème d'organisation ? Dans son rapport annuel consacré à la Sécurité sociale, la Cour des comptes évoque « une allocation des ressources non optimale » et « une productivité très inégale » à l'hôpital, ainsi que « des marges d'amélioration exploitables partout ».Premier constat, « une forte activité n'est pas gage de santé financière ». Alors que la nouvelle tarification à l'activité (T2A) des hôpitaux devait bénéficier aux plus dynamiques d'entre eux, la Cour préconise plutôt pour les établissements en difficulté de chercher à réduire les dépenses. Le rapport note par ailleurs des écarts entre hôpitaux, ou entre services d'un même établissement, « qu'on ne soupçonne pas ». Pour générer la même recette T2A, il faut à certains hôpitaux quatre fois plus de médecins qu'à d'autres (jusqu'à 15 fois dans les maternités). La Cour met également en avant « l'existence de véritables surdimensionnements des ressources consommées ». Elle note ainsi une moyenne de 416 actes chirurgicaux par an et par salle d'opération. « Rapporté aux effectifs de chirurgiens, le nombre d'interventions (243) dépasse à peine celui des jours ouvrables. » « Dérives »Les déséquilibres s'expliqueraient souvent par l'absence d'adéquation avec l'évolution de l'activité des établissements. Le rapport pointe également « une dérive importante des dépenses de remplacement », en raison de difficultés de recrutement et d'un absentéisme croissant, alors que le coût des personnels intérimaires peut aller jusqu'au triple de celui des emplois permanents. La difficulté réelle du recrutement dans certains métiers « crée à l'égard du corps médical des situations inflationnistes, voire malsaines ». « C'est à cela sans doute qu'on doit la persistance ou l'aggravation d'une déficience de contrôle dans le temps du travail des médecins, leur pratique des gardes et l'activité libérale de certains d'entre eux. » Des déclarations erronées sur les horaires se multiplient, ou des déplacements en période d'astreinte.Le rapport épingle en outre le plan hôpital 2007, qui répondait à un vrai besoin de rénovation du parc hospitalier. Son lancement trop rapide et les défaillances du pilotage national se sont soldés par un manque de sélectivité des projets retenus, nombre d'entre eux étant surdimensionnés ou sans lien avec les besoins réels. D'où une dérive des sommes engagées (passées de 6 à 16 milliards d'euros), qui a obligé les hôpitaux à s'endetter lourdement. V.  Ch.
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