Biennale de Lyon  : Tout un monde vu d'ailleurs

t contemporainS'il ne fallait retenir qu'une ?uvre, ce serait celle du Chinois Tsang Kinwah, des mots et des phrases d'un rouge sang s'écoulent le long d'un mur, comme des chutes d'eau et vont se perdre dans une flaque mouvante. Au sol. Sorte de larmes qui disent en même temps la beauté et la violence du monde. Ici, à La Sucrière, un des lieux où se déroule cette biennale, les Chinois sont en force. Normal, dit-on, le commissaire de la manifestation n'est autre que Hou Hanru, une des personnalités artistiques les plus influentes de San Francisco. Cependant, « Le Spectacle du quotidien » qu'il propose n'est pas toujours évident. Un thème très fragile dans ses apparences. L'image, la vidéo et les installations y règnent en maîtres. Passons sur les artistes en vogue comme Adel Abdessemed, qui ressasse un peu toujours les mêmes thèmes. Revenons à un autre Chinois Yang Jiechang et cette sorte de monument aux victimes qu'il a conçu un peu comme un inventaire. Dans des clayettes posées les unes sur les autres s'étalent des fragments d'os et de têtes de morts. Ils sont en faïence peinte comme la porcelaine chinoise, en bleu et blanc. Il rappelle avec une violence doucereuse que les massacres donnent aussi lieu à du spectacle. émerveillementAilleurs, dans Lyon à l'Entrepôt Bichat, un lieu aujourd'hui abandonné, l'installation du Portugais Cabrita Reis laisse émerveillé. Ayant investi cet entrepôt où poussent plantes et arbres sauvages, et où subsiste la trace du travail, il signe une véritable chorégraphie de lumière, en griffant l'espace de tubes de néon. Le regard est en émoi. Avec mounir fatmi, au musée d'Art contemporain, on reste dans l'idée de mémoire. Cet artiste marocain a conçu un mur composé de cassettes vidéo dont certaines dévident leurs bandes jusqu'au sol. Par cette intervention il montre comment cette mémoire est fragile, éphémère face à l'écriture millénaire qu'il projette sur un mur. Et pour quitter cette biennale en beauté, un geste, celui, proposé encore par un Chinois, Lee Mingwei, cueillir une fleur plantée au milieu d'une table et l'offrir à qui l'on veut ou la replanter à nouveau. L'art ne manque pas de générosité. n Xe Biennale de Lyon, jusqu'au 3 janvier. 2010. www.biennaledelyon.comLa Sucrière, Les Docks, 47-49, quai Rambaud (2e).L'Entrepôt Bichat, 5, rue Bichat (2e).Musée d'Art contemporain, 81, quai Charles-de-Gaulle (6e).
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